Il serait triste de penser que la compassion est faite d'oubli de soi héroïque. La compassion ne nécessite pas de gestes héroïques ou de revirement sensationnel. En fait, la vie de compassion est le plus souvent cachée dans la banalité du quotidien. Même la vie des personnes qui sont pour nous des exemples de compassion montre que ce mouvement vers les pauvres est avant tout pratiqué dans la vie quotidienne, par des gestes simples.
La question importante n'est pas de savoir si nous imitons mère Teresa, mais si nous sommes ouverts aux nombreuses petites souffrances de ceux et celles qui partagent notre quotidien. Acceptons-nous de passer du temps avec des gens qui ne stimulent pas notre curiosité ? Écoutons-nous les personnes qui spontanément ne nous attirent pas ? Pouvons-nous éprouver de la compassion pour ceux dont les souffrances restent cachées aux yeux de tous ? Il existe beaucoup de souffrances cachées : la souffrance de l'adolescent sans sécurité ; la souffrance des époux qui sentent que leur amour a disparu ; la souffrance du riche chef d'entreprise qui pense que les gens s'intéressent beaucoup plus à son argent qu'à lui-même ; la souffrance de l'homosexuel, homme ou femme, qui se sent isolé de sa famille et de ses amis ; la souffrance de tous ces gens qui n'ont ni amis compréhensifs, ni travail satisfaisant, ni foyer paisible, ni quartier sécuritaire ; la souffrance des millions de gens qui se sentent seuls et se demandent si la vie vaut la peine d'être vécue.
Dès que nous regardons vers le bas sur l'échelle de la vie, et non vers le haut, où que nous allions nous voyons la souffrance, et où que nous soyons nous entendons l'appel de la compassion.
La véritable compassion commence là où nous sommes.
Henri Nouwen, prêtre et écrivain hollandais
Extrait du livre "Chemins de passion - chemins du monde".
formation croire.com
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