Pourquoi Jésus s'en prend-il aux pratiques de pureté rituelle ? En principe, elles ne sont pas mauvaises. Souvent inspirées par l'hygiène, elles peuvent se charger de significations spirituelles. Simplifions : ce qui est pur est ce qui est sans mélange ; pensons au "vin pur" par exemple. Se nourrir, c'est accueillir les dons de Dieu qui nous font vivre. Les mains lavées pour les recevoir signifient notre nudité originelle, notre vide que seul Dieu peut remplir : nous repartons à zéro. Bien sûr, le rite peut se vider de son sens et la "purification" qu'il signifie peut en être totalement absente. Le rite ne vaut rien s'il n'est pas l'expression de quelque chose qui vient du coeur de l'homme. C'est de cela que nous parle le Christ. Le contraire de la pureté du coeur est la duplicité : vouloir à la fois le oui et le non. Le rite peut être le contraire de ce qu'il veut signifier. Croyants, bien sûr, mais Quand la foi se cantonne dans le culte, la dévotion, la fabrication de bons sentiments, mais ne passe pas dans la vie, il y a duplicité, impureté. L'impur ne va pas jusqu'au bout mais bifurque en chemin, car il veut deux choses contradictoires. Il ne sert à rien de recouvrir cette ambiguïté du manteau des rites. La vraie "religion" ne se tient pas toujours là où elle s'affiche. Pourtant, nous ne serions pas croyants si nous baissions les bras en raison de notre duplicité. Constatons-la, regrettons-la et confions-la à Dieu. Une telle confiance est déjà "pureté".
Quel est ce "coeur" de l'homme ? D'où peuvent venir ses perversions ? Bien sûr, il s'agit de ce centre ponctuel, immatériel, où notre liberté se prononce en faveur du bien ou du mal. Notons que Jésus ne met pas l'origine du mal dans un esprit mauvais, un Satan à l'oeuvre dans le monde. Le mal que nous faisons nous viendrait alors de l'extérieur : "ce qui pénètre en l'homme" pourrait le "rendre impur". Quand Paul parlera des "puissances et dominations", il s'agira avant tout de "l'air du temps", des mentalités collectives dans lesquelles nous baignons, mais qui viennent bien d'une sorte de conspiration des libertés individuelles, et qui trouvent donc leur source en nous. Pensons par exemple au vertige de la consommation. Les maux qui nous viennent de l'extérieur peuvent nous blesser, nous amoindrir, à la limite nous détruire, ils ne peuvent rien sur notre pureté ou notre impureté. Ce sont nos décisions qui font la différence. Décisions qui peuvent d'ailleurs être prises en fonction de ce qui nous arrive de l'extérieur, en réponse à des situations non voulues. Osons le dire : ce qui nous rend "purs" est ce qui va dans le sens de notre image et ressemblance de Dieu (...)
Les exemples pris par Jésus (...) concernent tous notre relation au prochain, directement ou indirectement. Le décalogue leur est sous-jacent. (...) Or, après avoir prescrit notre relation à Dieu, qui commande tout le reste, le décalogue ne parle que de notre comportement vis-à-vis des autres. Rien sur les rites, que les pharisiens reprochent aux disciples de ne pas pratiquer. (...) Nous ne pouvons atteindre ce que les auteurs spirituels anciens appelaient, avec quelque prétention, la "perfection", qu'en nous oubliant nous-mêmes pour nous ouvrir aux autres. C'est par là que nous pouvons devenir images de Dieu. Cela s'appelle "amour", même si les "sentiments" n'y participent pas, ou très peu.
P. Marcel Domergue, jésuite
Méditation sur "Le pur et l'impur" (extraits)
croire.com
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« Nettoie d’abord l’intérieur de la coupe et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne net ». Cette Parole est libératrice, apaisante ; en effet, ce n’est pas l’extérieur qui va définir si je suis une personne pure ou non. Ce ne sont pas les circonstances qui vont orienter ma vie, ni les situations adverses que je vis, qui vont décider quel type de personne je vais être ; ni le regard des autres qui va me condamner. Je suis libre face aux situations adverses. C’est d’ailleurs l’exemple que nous donnent tant de personnes d’hier et d’aujourd’hui, qui, au milieu des persécutions, ou de la violence, ont su rester pures dans leurs cœurs, et ont su être libres pour pardonner à leurs bourreaux. Cela peut aussi être le cas dans mon quotidien : en effet, alors que l’ambiance familiale ou professionnelle est tendue, je peux toujours décider de rester calme, bienveillant, de bénir dans mon cœur chaque personne, d’invoquer le nom de Jésus sur eux ; et alors mes manifestations extérieures seront le reflet de cette liberté intérieure.
Extrait de la méditation écrite par Chantal de Baillenx, consacrée de Regnum Christi
Matthieu, 23, 23-26
catholique.org 25/08/2015
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