9 mai 2015

UN CHOIX, UN ACTE DE LIBERTÉ






Dieu est amour. Bien ! Mais quand on a dit cela on a tout dit : qu'ajouter d'autre ? Et pourtant, Jésus ne cesse de le répéter. Une telle insistance pourrait bien signifier que nous avons du mal à le croire et que cela risque de rester pour nous une abstraction, une phrase « bien pensante » que l'on répète sans en creuser le sens. Pourtant, toute l'Écriture, toute la foi chrétienne tiennent dans cette certitude : le fond des choses, ce qui fait exister ce qui existe, est amour. Du coup tout cet univers, de l'infiniment grand à l'infiniment petit, fonctionne selon la loi de l'attraction mutuelle, de l'échange, en un mot de l'amour. La charge électrique négative va vers la charge positive, le plein vers le vide etc. C'est dire qu'il n'y a pas d'amour sans pluralité et sans différence. Le couple humain en est la plus haute figure et aussi la révélation. C'est pourquoi l'Écriture nous conduit vers la foi en un Dieu qui est en lui-même différences, source de toute différence et unité de ces différences. Comme le dit saint Ignace d'Antioche, Dieu est en lui-même Union. Nous disons « Père, Fils, Esprit ». 
(...) L'Esprit est ce mouvement d'aller-retour, lourd de tout l'Être divin qu'il transporte. Nous disons tout cela quand nous affirmons que Dieu est en lui-même vie. La vie en effet est échange. (...) Quand le Verbe se fait « chair », ces deux extrêmes que sont Dieu et l'homme ne font plus qu'un. En lui-même, avant toute action bienveillante, le Christ est donc amour, Union. Par lui, nous ne sommes plus, déjà, qu'un seul corps : l'union de Dieu et de l'humanité suppose en effet que l'humanité soit une comme Dieu est Un. Cependant, pour que l'amour soit vraiment amour, il faut qu'il soit un choix, un acte de liberté. C'est librement que Dieu est Union, c'est librement que nous pouvons faire un avec lui et par là un entre nous. C'est pourquoi, si Jésus prie pour «qu'ils soient un comme Toi et moi sommes un» (Jean 17,21-23), il présente aussi cette unité d'amour comme un commandement.
Dieu donne, Dieu engendre, mais l'homme ne saurait recevoir cela dans la passivité ; il faut qu'il soit acteur de sa propre création, ne serait-ce qu'en accueillant librement le don que Dieu lui fait. Puisqu'il s'agit d'un accès à l'amour, nous recevons la consigne d'aimer qui, loin d'enchaîner notre liberté, la fait être en la sollicitant. Nous ne pouvons accéder à l'image et ressemblance du Père, donc devenir ses enfants, qu'en aimant comme il aime. C'est bien pour cela que Jésus nous demande d'aimer comme il nous a lui-même aimés. (...) À vrai dire nous ne savons pas vraiment ce que signifie le mot « amour », nous le confondons facilement avec « aimer aimer », comme le dit saint Augustin. Il est agréable d'aimer mais alors l'autre est estompé au profit de notre propre bonheur. Dans Citadelle, Saint-Exupéry écrit : «Qui aime d'abord l'approche de l'amour ne connaîtra jamais la rencontre». Même intuition. Les falsifications de l'amour courent le monde. Faux amour équivaut à faux Dieu. Le vrai amour fait vivre, le faux amour fait mourir. (...) Le dernier mot de l'Amour est la Résurrection.

Père Marcel Domergue, jésuite.
Croire.com 07/06/2015

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