[Dans] un service à la prison (...), il est facile de parler d’espérance, c’est un mot qui nous est familier ; mais comment le faire avec un condamné à perpétuité ? Avec un homme défini comme un « pas-de-fin-de-peine » ? Et comment affiner notre conscience, de sorte qu’être avec ceux qui souffrent ne soit pas pour nous un simple acte de charité, mais que cela puisse convertir notre cœur, en profondeur, et nous rende capables de lutter courageusement pour un monde plus juste ?
(...) La prison est une des périphéries les plus terribles, avec le plus de souffrance. Aller dans les prisons signifie avant tout se dire à soi-même : « Si je ne suis pas ici, comme elle, comme lui, c’est par pure grâce de Dieu ». Pure grâce de Dieu. Si nous ne sommes pas tombés dans ces erreurs, ou même dans ces délits ou dans ces crimes - certains sont graves - c’est parce que le Seigneur nous a tenus par la main. On ne peut pas entrer dans une prison avec un esprit du style : « je viens ici te parler de Dieu parce que, excuse-moi, tu es d’une classe inférieure, tu es un pécheur… ». Non, non ! Je suis plus pécheur que toi, et c’est le premier pas. Dans une prison, cela peut nous demander beaucoup de courage, mais nous devons toujours le dire. Quand nous allons annoncer Jésus-Christ à des personnes qui ne le connaissent pas, ou qui mènent une vie qui ne semble pas très morale, penser que je suis plus pécheur que lui, parce que si je ne suis pas tombé dans cette situation, c’est par la grâce de Dieu. Ceci est une condition indispensable. (...) Les saints se sentaient pécheurs parce qu’ils avaient compris cela ! Et la grâce du Seigneur nous soutient.
(...)
C’est toujours le Seigneur qui nous envoie. Et dans la prison, toujours se dire cela, face à toutes ces personnes qui souffrent : pourquoi cette personne souffre-t-elle et moi non ? Pourquoi cette personne ne connaît-elle pas Dieu, n’a-t-elle pas d’espérance dans la vie éternelle, pense-t-elle que tout finit ici, et moi non ? Pourquoi cette personne est-elle accusée devant les tribunaux parce qu’elle est corrompue, et celui-ci… et moi non ? Par grâce du Seigneur ! C’est la plus belle préparation pour aller dans les périphéries.
(...) De quelle espérance puis-je parler, avec ces personnes en prison ? Beaucoup sont condamnés à mort. (...) Qu’est-ce que je dis à cet homme ? Qu’est-ce que je dis à cette femme ? Peut-être… ne rien dire. Prendre sa main, le caresser, pleurer avec lui, pleurer avec elle (…) Bien souvent, nous ne pouvons rien dire, rien, parce qu’une parole serait une offense. Seulement des gestes. Les gestes qui font voir l’amour. « Tu es condamné à perpétuité, ici, mais je partage avec toi ce morceau de vie de condamné à perpétuité ». Partager par amour, rien de plus. C’est cela, semer l’amour. Et puis, (...) comment affiner notre conscience, pour qu’être avec celui qui souffre ne soit pas pour nous un simple acte de charité, mais convertisse notre cœur et nous rende capables de lutter courageusement pour un monde plus juste ? ».
La charité est une marche. (...) Il y a une chose qui fait la différence entre la charité par habitude et faire progresser, c’est que la charité par habitude te tranquillise l’âme : « Aujourd’hui, j’ai donné à manger, maintenant je vais dormir tranquillement ». Vouloir faire progresser rend ton âme inquiète : « Je dois faire davantage… Et demain ceci, et après-demain cela, et qu’est-ce que je fais… » : cette saine inquiétude de l’Esprit-Saint. C’est ce qui me vient à l’esprit. Que ce ne soit pas pour nous simplement de la charité, mais que cela convertisse notre cœur. Et cette inquiétude que te donne l’Esprit-Saint pour trouver des voies pour aider, pour faire progresser nos frères et sœurs, cela t’unit à Jésus-Christ : c’est une pénitence, c’est une croix, mais c’est la joie. Une joie grande, grande, grande, que te donne l’Esprit quand tu donnes toi-même. (...)
Exhortation du pape François: " L'attitude de l'évangélisateur: "Je suis plus pécheur que lui."
zenit.org 07/05/2015
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(...) Tu connais mes désirs, mes goûts, mes projets, mes intentions, et malgré cela, tu m’aimes. Je te demande, Jésus, de ne pas cesser d’être reconnaissant envers toi, car je sais que tu ne cesseras jamais de me donner ton aide et ta grâce. Tu me donnes une mission et m’envoies donner l’amour que nous avons dans le cœur. Je veux et espère le donner. Je te demande de m’amener là où se trouvent les personnes qui en ont le plus besoin. Parfois je rencontrerai des difficultés, mais je sais que je ne suis pas seul. Et c’est pour cela que je me remets entre tes mains aujourd’hui, afin que tu m’aides à avoir un cœur grand et bon pour l’offrir à mes frères ; le mot juste et le conseil qui peut combler le cœur ; un sourire et un regard qui expriment la compréhension que tu as envers nous ; et surtout ma prière pour ceux qui souffrent et ont des difficultés dans leur vie quotidienne.
Extrait de la méditation de Sergio Carvallo, laic consacré de Regnum Christi
catholique.org 10/05/2015

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