« Je m’en vais à la pêche ! » Dans la bouche de Pierre c’est un peu comme un coup de poing sur le comptoir d’un bistrot. Il en a assez d’attendre. Il tourne en rond. Il a suivi le Christ pendant trois ans. Maintenant Il n’est plus. Il retourne à ses affaires. Il va trouver refuge dans son monde et il entraîne avec lui tous les apôtres. Tous retournent à ce monde d’avant, ce monde d’avant la visite du Christ. Jésus les a tirés de ce monde et ils y retournent. Jésus les laisse faire.
Arrive Jésus, dans la fraîcheur du matin. Pourtant, ce n’est pas un passant comme les autres, qui aurait demandé : « ça mord ? ». Il sait trop bien qu’une barque qui s’attarde jusqu’à l’aube c’est une barque vide. C’est pour cela que sa question va chercher plus en profondeur. Lorsque Jésus leur demande : « Auriez-vous quelque chose à manger ? » il veut les mettre au pied du mur. Il veut savoir si leur travail, ce pour quoi ils ont travaillé toute la nuit, avec toute cette expérience accumulée, a servi à quelque chose. Sont-ils satisfaits d’eux ? Sont-ils contents ? Ont-ils de quoi manger, de quoi se rassasier ? Ont-ils atteint leur plénitude ?
L’expérience du Christ ne limite en rien notre liberté. Au contraire, elle l’élargit. Par un matin froid du mois d’avril, sur les rivages d’un lac, Jésus redemande à Pierre s’il l’aime, s’il veut de nouveau marcher à sa suite. Pierre a encore les pieds enfouis dans le sable fin, avec cette odeur exécrable du poisson. Et là, encore immergé dans son monde, il redonne son « oui » à celui qui a posé son regard d’amour sur lui.
Père François Garreau, LC
La dernière apparition de Jésus, Jn 21, 1-14
extrait de la méditation
catholique.org
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Toutes ces humiliations à digérer... ce n'est pas tendre! Que faire avec toute cette humiliation due au péché, à la fragilité, au vertige de la tentation? Nous avons deux solutions: soit nous refusons ces confusions, soit nous les acceptons humblement dans la miséricorde de Dieu. (...) Refuser d'une manière ou d'une autre notre propre misère conduit à l'impasse. Il reste l'autre choix possible, renaître d'en haut en plongeant avec toutes ses pauvretés dans l'amour divin. Ce lâcher prise de soi en Dieu n'est surtout pas une démarche aisée. Il faut en effet une surdose d'humilité pour se laisser aimer et sauver par un autre.
P. Joël Guibert, prêtre du diocèse de Nantes, prédicateur de retraites
in "L'art d'être libre". éd. de l'Emmanuel, 2013
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(...) À cette époque donc où tant d' "intellectuels" désirent semer le doute dans l’esprit des gens, en leur laissant accroire qu’un homme sans foi est un homme supérieur parce libéré de toute superstition, à une époque où on voudrait réduire la vie de Jésus et celles de ses apôtres à de "misérables petits tas de secrets" comme le définissait André Malraux, il faut s’offrir une retraite – même chez soi, même pour quelques petits quarts d’heures – et, comme le disait Thérèse d’Avila, contempler longuement ce mystère avec tout ce qu’il induit d’Espoir et de Beauté.
Il faut le contempler avec la méthode même de sainte Thérèse de Jésus : ne douter jamais de Dieu, et ne douter que de nous-mêmes. Douter de nous-mêmes ? Oui, avec la plus grande humilité, douter de notre capacité à aimer, à nous oublier, à nous émerveiller, à donner, à prier, à avoir foi en Dieu et à déployer les élans d’âme à quoi notre foi nous oblige. Douter non pas de Dieu, mais de notre détermination à la Joie, cette splendide joie de Pâques qu’a créée Dieu en laissant le tombeau vide.
Christiane Rancé, écrivain, essayiste
Extrait du message du 06/04/2015
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