Le passage des disciples d’Emmaüs ( Luc 24,13-35 ), c’est une rencontre que nous connaissons bien.
Mais si tu n’as pas pu l’écouter avec un esprit nouveau, relis-le en demandant cette grâce de l’entendre comme si c’était la première fois.
Mais si tu n’as pas pu l’écouter avec un esprit nouveau, relis-le en demandant cette grâce de l’entendre comme si c’était la première fois.
Les disciples ont le visage sombre. Ils sont attristés, mais plus que cela ! Parce qu’ils ne sont même pas capables de se dire : « Mais cet homme, il sort d’où ? Il n’est pas des nôtres, puisqu’on ne le connaît pas et il a l’air de connaître mieux que nous la Bible et la personne de Jésus ». Ils sont vraiment aveuglés par le non-sens de ce qu’ils viennent de vivre, ils vivent une non-compréhension, comme un choc tel que leur intelligence est bloquée, ne voit pas, n’entend pas, leur intuition est réduite à néant.
Mais le Seigneur veut leur faire pénétrer le mystère ! Il veut les faire voir ! Il veut leur rendre la vie et la joie et, cette fois-ci, la joie pour toujours ! Parce qu’il est vivant, lui le chemin, la vérité et la vie ! Lui qui donne sens à l’histoire de l’humanité, et à mon histoire personnelle !
(...) Si tu veux cela pour toi, demande-toi, et demande-lui où il veut te rencontrer, te rejoindre. Par quel mot, par quelle parole le Seigneur te parle ? Avec d’autres mots, ton cœur brûle-t-il à l’intérieur ? Pourquoi ? Que remarques-tu qui te touche spécialement ? Essaie d’aller plus loin. Que comprends-tu ? (...) Demande la grâce de trouver ce « lieu », cette Parole de nouvelle vie que le Seigneur a pour toi.
Sabine Laxague, consacrée de Regnum Christi
Extraits de la méditation
catholique.org
*****
[À l'auberge d'Emmaüs], malgré l'affluence, Jésus et ses deux amis ont trouvé à s'installer un peu à l'écart des autres - ce qui vaut mieux pour ce qui va arriver.
Lorsqu'on dépose sur la table les galettes de pain qui sentent bon le blé chaud, Jésus en saisit une. Il l'élève légèrement et, dans le halo de lumière de la lampe à huile, la galette prend alors une couleur d'or. Jésus la rompt et en distribue les morceaux à Cléophas et à son ami:
- Prenez, dit-il, et mangez...
Alors, à l'instant même où leurs doigts se referment sur le fragment de pain tiède et doré qu'il leur offre, les pèlerins reconnaissent Jésus de Nazareth. (...) Les morceaux de galette blonde leur échappent des doigts, tombent sans bruit sur la table. L'amour non plus ne fait pas de bruit.
Autour d'eux, le brouhaha continue. Les concives parlent haut, plaisantent et rient. Mais Cléophas et son ami ne les entendent pas. Ils ne les voient même pas. Leur regard est concentré sur la seule vision qui justifie qu'on ait des yeux pour voir: le Vivant, tout près d'eux, qui leur sourit. Ils voudraient que cela ne s'arrête jamais. Ne jamais ciller ne fût-ce qu'une fraction de seconde, ne jamais tourner la tête, ne jamais bouger, ne jamais quitter cette table ni cet instant- oh! surtout ne jamais dormir, ne pas fermer les yeux. Ils savent maintenant que l'éternité n'est pas seulement un désir de l'homme mais la craie dimension pour laquelle il est créé. Et tout aussi soudainement qu'ils ont vu, ils ne voient plus.
Nous n'avons pas rêvé (...) Ces heures-là, on ne peut pas les nier. On ne peut pas dire qu'elles n'ont pas existé. Alors comment se fait- il que nous ne l'ayons pas tout de suite reconnu puisqu'il était vrai, et vraiment avec nous? Était-il donc à ce point méconnaissable? (...) Pas du tout. Il marchait à découvert, tranquillement, face au soleil. Mais il nous était impossible d'admettre que Jésus soit ressuscité - alors comment aurions-nous pu concevoir, oui, simplement concevoir, que ce voyageur qui nous avait rejoints puisse être lui?
Pour l'appeler Jésus, il fallait d'abord l'appeler Ressuscité, ce qui nous semblait extravagant. Pour que l'histoire ait un sens, il fallait la commencer par la fin. La renverser. La convertir.
Didier Decoin, écrivain
in "Jésus, le Dieu qui riait", éd. le Livre de Poche 1999
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire