3 février 2015

TU ES AVEC NOUS SUR TOUS NOS CHEMINS





Il n’y a pas de chemin caché pour toi, mon Dieu.
Tu connais les raccourcis et les détours, les chemins de traverse et les errements, les caillasses du désert et de la steppe, et les routes prises par les Hébreux esclaves épuisés de bringuebaler des tonnes de briques. Tu connais les chemins de l’exil des hommes qui ont dû partir en catastrophe avec leur maison sur le dos et un enfant dans chaque main, perdant tout, à commencer par l’espoir de rentrer, et l’espoir de vivre. Tu connais les bouchons sur l’autoroute de ceux qui pensent aller plus vite et qui finalement vont plus lentement. Tu connais les chemins que nous prenons pour nous éviter, pour nous ignorer, pour nous pardonner, pour nous retrouver, pour nous aimer.
Tu acceptes tous ces chemins. Tu nous laisses les essayer, et nous suis en douce. Ici, tu enlèves un caillou pour que nous n’ayons pas trop mal en tombant. Là, tu permets qu’un inconnu nous porte notre valise. Et quand tu ne peux rien faire tellement la vie est dure et lourde, tu restes près de nous, que nous soyons faible ou fort, vieux ou jeune, tout près de nous.
Tu n’expliques rien, ne justifies rien, ne condamnes pas, mais tu marches, une croix sur le dos, Toi l’innocent par excellence, jusqu’à être identifié aux coupables. Alors, plus aucun chemin ne t’est étranger : tu es l’innocent et la victime, avec tous les innocents et toutes les victimes, et en même temps Tu es mis à mort du côté des coupables, afin qu’aucun ne reste seul avec sa faute. Et tu fais de tous nos détours, même les plus graves, un chemin avec Toi.

Sœur Anne Lécu, Paris
Méditation sur Isaïe 40,25-31: Israël, pourquoi affirmes-tu : « Mon chemin est caché à mon Dieu, le Seigneur néglige mon bon droit » ? 

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Je voudrais ne jamais t’oublier. Te remercier d’avoir mis sur mes pas des hommes et des femmes de bienveillance et de bonté, qui sont ma joie. Te dire du plus profond de mes entrailles que je ne regrette rien. Que tout est bien ainsi. Même les larmes, même la peur au ventre, même les incertitudes qui me font crier vers toi. Je voudrais te le dire en secret, et ne l’imposer à personne, mais oui, mon Dieu, tout est bien avec toi.
Je ne comprends pourtant rien aux heures de nuit. Mais tu le sais, car je te l’ai assez dit. Je ne comprends surtout pas la peine que doivent porter ceux qui peinent déjà trop, ceux pour qui l’épreuve est trop longue, et la nuit trop épaisse. Je voudrais tant que tu irrigues leur soif, que tu aplanisses les monts arides et que tu adoucisses les déserts. Je ne comprends pas qu’il faille quarante ans pour traverser ce désert bizarre, cette étendue si petite finalement, que l’on pourrait le faire en cinq jours.
A moins que ce ne soit pour apprendre ton pas… Car je sais de toute la force de ma petite foi que tu es là, dans ce désert, plus assoiffé que moi, plus fatigué que moi, plus inquiet que moi, plus perdu que moi, toi mon Dieu, perdu volontairement chez les hommes perdus, pour les trouver.
Je ne sais pas où tu nous emmènes, mais cela m’est égal si c’est avec toi, et tous ensemble que nous y allons. Ma maison, ce sont ceux que j’aime, et ma maison, c’est toi. Ô mon Dieu voyageur, ne nous lâche pas !
Et toi mon frère lecteur, compagnon de ces marches, sois sûr que notre grand Dieu tient ta main bien fort, surtout lorsqu’elle tremble. Oui, sois sûr !

Sœur Anne Lécu, dominicaine, Paris
La méditation sur le Livre du Deutéronne 8, 2-18: "Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert"
Signe dans la Bible

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Quel héroïsme cela demande de croire que nos efforts ne viennent pas de nous, mais de Dieu! Le véritable effort consiste à ne compter que sur la miséricorde divine qui seule justifie. Notre petitesse et notre faiblesse deviennent les lieux de la communication avec Jésus, qui nous instruit de son amour. 
La confiance en Dieu grandit à mesure que nous prenons conscience de notre faiblesse, car c'est là qu'il déploie toute sa puissance. Comme l'écrit si bien Thérèse de l'Enfant-Jésus dans son Histoire d'une Âme: "Parce que j'étais petite et faible il s'abaissait vers moi, il m'instruisait en secret des choses de son amour."

Jacques Gauthier, théologien canadien
Mon carême 2015 avec sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus (présentation)



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