7 septembre 2014

LE VISAGE DE MARIE...



Détail de la "Pietà", photo Robert Hupka *


(...) Le visage de Marie, ombragé par son voile, incliné par une douleur muette. Sur ses genoux, le corps de son fils repose, inerte, qu’elle retient d’une seul main. Elle le retient mais elle ne le touche pas. Entre sa main droite, passée sous l’aisselle de Jésus, et la peau de Jésus, un linge plié – peut-être, déjà, son linceul. Et sa main gauche n’ose pas se poser sur ce corps qui ne lui a jamais appartenu, ou si peu, ni même prendre la main de Jésus, si proche de la sienne. Cette main, la mort l’a rendue semblable à celle d’Adam avant que Dieu lui insuffle la vie, et que Michel-Ange peindra bien plus tard, sur les voûtes de la Chapelle Sixtine. Au contraire de celle de Dieu sur cette même fresque, celle de Marie est en retrait, la paume ouverte au ciel, lourde de son impuissance à redonner la vie. Et comme il est étrange que Marie ait l’âge qu’elle avait lorsque l’ange Gabriel est venu lui annoncer qu’elle enfanterait le Fils de Dieu ! L’artiste voulait-il nous dire que la vie de Marie avait été fixée à jamais par cette Visitation ? Qu’elle aurait à en témoigner avec toutes ses heures, et qu’elle en témoigne encore à cet instant crucial, au pied de la Croix, en retenant encore un peu ce corps qu’a choisi Dieu pour sa propre épiphanie ? Marie devenue alors, sous les outils de Michel Ange, l’Alpha et l’Oméga de l’Incarnation ?
Mais n’est-ce pas le sens même de cette oeuvre, que de dire ce qu’elle est, dans son essence même – une Pietà ? La Pietà dont  l’origine latine signifie  » loyauté absolue à un amour profond que ni la vie ni la mort ne peuvent détruire », et le sens classique, « une soumission totale de l’âme à la Volonté divine. »
(...)

* Photographe de la Pietà de Michel-Ange lors de la foire de New York 1964-65.

Christiane Rancé, journaliste
Blog du 04/08/14: "Pietà" (extraits)
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