SE TENIR FIDÈLE AUX ÉVÉNEMENTS

"Le monde à l'endroit et à l'envers" , esplanade du Vieux Port, Marseille

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A tout moment, nous nous sentons emportés dans le flot des événements et nous le vivons plus ou moins bien. Il y a les événements à échelle de notre existence (notre maison, notre quartier, notre lieu de travail, notre paroisse). Il y a les événements à échelle autrement plus large ; ceux que relaient les médias, vertigineux, amusants, choquants voire terrifiants.

Comme chacun, je traverse les événements de ces temps derniers en faisant une sélection plus ou moins consciente, liée à la fatigue et aux priorités du quotidien. Il y a bien sûr des événements à échelle de mon couvent, de mon travail ou de ma famille, comme chacun de vous dans ce qui vous touche de plus près. Il y a enfin les événements à échelle du pays ou du monde. (...)

Hérodote, ce penseur grec de l’Antiquité qui fit œuvre d’historien, écrivit que  « ce sont les événements qui commandent aux hommes et non les hommes aux événements ». C’est bien l’impression que nous avons. Pour ma part, d’un point de vue spirituel, je pense qu’il y a une exigence à reconnaître que chacun de nous doit savoir se tenir fidèle à l’événement. Nous avons à rester conscients que nous n’avons pas de prise directe sur les événements, mais que la réponse est de nous ressaisir nous-mêmes. « Ne pouvant régler les événements, je me règle moi-même », dit Montaigne. Accueillir, réagir et devenir, mais pas subir. Pour les chrétiens, la mobilisation va de la prière à l’engagement que l’on aura discerné et elle s’appuie sur la foi pour permettre un lucide combat intérieur (avec soi-même) ou extérieur (contre l’injustice).

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Fr. Philippe Jaillot, dominicain

"Le Jour du Seigneur", 15/05/2014