Jean 11, 25-26 |
On a déjà souligné la difficulté des disciples devant l’acte de croire : beaucoup se dérobent. Le tombeau vide ne peut constituer une preuve (on a pu l’enlever) : mais il peut être – et c’est le cas pour Jean – le début d’un mouvement de foi : "il vit et il crut" (Jn 20, 8). C’est donc bien sur la foi des disciples – cette foi qui les amène à témoigner -, et non pas sur leur compréhension d’un mystère qui les dépasse autant que nous, qu’est fondée notre foi. Les disciples qui ont "vu "(cf. tombeau vide, théophanie avec les anges, apparitions de Jésus) ont du mal à croire ; il ne faut pas s’étonner que nous ne puissions pas adhérer par la compréhension, et par des représentations matérielles de la résurrection, mais uniquement par la foi qui est aussi notre espérance (espérance en notre résurrection) : Il n’y a pas en effet de foi sans espérance, comme il n’y a pas d’espérance sans un minimum de foi.
La tentation de rendre compte de la résurrection sur le plan matériel nous guette toujours" : la résurrection n’est pas un "phénomène" et ne doit pas être pensée à l’intérieur de notre continuum spatio-temporel ; "elle ne conduit pas à une vie du même ordre que la précédente.
La résurrection du Christ est bien différente de celle de Lazare : le Christ n’a pas retrouvé son corps ancien (notez comment les disciples ou Marie-Madeleine ne le reconnaissent pas ; St Paul parle de "corps spirituel"), même si Jésus trouve des moyens pour se faire voir de ses disciples qui sont toujours dans le temps et l’espace qui les limitent, qui en principe leur bouchent la vue et les oreilles à la présence de Dieu – ce qui est notre cas toujours bien sûr. Mais la réalité de Dieu qui est d’un autre ordre n’est pas pour autant à rejeter parce que nous ne le voyons pas.
Ce que nous savons de la résurrection, au-delà de toutes les imaginations, c’est son effet sur les apôtres, leur transformation complète. La résurrection du Christ les a transformés en entrant dans leur vie : des hommes craintifs et désespérés du vendredi, elle fait des hommes hardis qui sortent à la Pentecôte et annoncent l’Evangile. L’Eglise apparaît au regard de la foi comme l’œuvre du Ressuscité qui, en la construisant, s’est donné en elle l’organe visible destiné à maintenir sa vie transfigurée dans sa Résurrection. (...) Comment s’étonner si certains des apôtres, qui, eux, ont connu le Christ, ont du mal à se laisser transformer, que nous, la transformation par la résurrection du Christ soit si lente en notre vie ?
(...)
Personne n’était présent au moment de la résurrection du Christ et personne donc ne peut raconter ce qui s’est passé. Mais nous pouvons et nous devons rapporter les "effets" de la résurrection, chez les apôtres, mais également en nous et chez ceux qui nous entourent. Si l’on peut "prouver" la résurrection c’est par les transformations qu’elle provoque en ceux qui ont été approchés par le Christ ressuscité. Le cas de Paul pour exemplaire qu’il soit n’est pas "unique" : combien dans l’histoire de l’Eglise et parmi nos contemporains n’ont-ils pas un jour rencontré le Christ ressuscité sur leur chemin de Damas ?
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La résurrection est présente tous les jours et en chacun de nous. Ce temps dont nous faisons mémoire et que nous nous plaignons de n’avoir pas vu, nous oublions de le regarder dans nos vies et dans les vies de ceux qui nous entourent.
peresdeleglise.free.fr
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Ce qui est étonnant dans le récit de la Résurrection c’est la discrétion avec laquelle s’est produit cet événement qui a changé le monde pour toujours. Personne n’a été témoin oculaire du moment de la Résurrection. La pierre est toujours devant le tombeau. Même les gardes n’étaient pas au courant. C’est l’arrivée de l’ange qui provoque un tremblement de terre. C’est l’ange du Seigneur qui roule la pierre devant le tombeau et qui annonce en premier la Résurrection. Les femmes n’ont vu que l’ange et le tombeau vide. Jésus est ressuscité dans un silence et une discrétion absolue et cela ressemble drôlement au silence et à la discrétion qui avaient entouré sa naissance à Bethléem. Il aurait pu se manifester en tant que ressuscité dans le Temple ou dans le palais de Ponce Pilate pour semer la terreur dans le cœur des mécréants et l’admiration dans le cœur de ses disciples. Mais voilà qu’il choisit le silence et la discrétion. Il se révèle au petit nombre de ceux qui ont mis leur foi et leur confiance en lui, dans ce texte Marie Madeleine et l’autre Marie, et il les envoie dans le monde pour rendre témoignage de sa Résurrection. D’une part, cela nous dit qu’il a voulu que la foi soit un don et non pas quelque chose d’imposé par une stratégie de marketing purement humaine. C’est lui qui prend l’initiative de la rencontre avec chaque personne et qui donne la foi. Mais d’autre part, il a choisi aussi d’avoir besoin de nous pour transmettre et semer largement la Bonne Nouvelle, pour que notre témoignage puisse parfois créer des occasions de rencontre avec lui là où il voudra semer la foi. Nous sommes donc collaborateur avec le Christ et non pas les protagonistes. Comme dans la parabole du semeur, nous sommes appelés à semer largement la Bonne Nouvelle sans se préoccuper des résultats puisque c’est Jésus lui-même qui fera grandir la semence.
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C’est de ton cœur
aussi qu’Il doit ressusciter et,
si tu y consens, c’est de ton cœur
encore qu’Il se dira au monde.
Fr
Jocelyn Dorvault, Le Caire
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