Dès le début de la vie publique de Jésus, des hommes, parmi les « hommes de Dieu », décident de le perdre. Village après village, ils vont lui tendre des pièges, le harceler de questions sur la loi, sur qui est-il, sur ce qu’il convient de faire le jour du sabbat, etc. Des hommes, qui au nom de l’idée qu’ils se font de Dieu, sont sûrs de leur bon droit, celui de soumettre cet homme, ou de l’abattre.
En tout temps ces hommes existent. Des croyants bardés de certitudes et de représentations d’eux-mêmes : ils sont les gardiens du vrai. Et rien ne saurait les détourner de cette obligation. Ni Jean Baptiste qui annonce le véritable envoyé, ni les foules qui suivent Jésus, ni même la voix qui affirme que celui-ci est « mon fils bien-aimé, écoutez-le »(*).
Mais ces « ultraorthodoxes » ne sont pas qu’aux alentours. Ils sont une part de nous-mêmes.
Celle de la propension à affirmer que notre façon de croire et de dire Dieu est la seule authentique. Celle qui nous flatte et nous donne bonne conscience.
Comment croire, Seigneur, avec humilité ? Comment croire de telle manière que nous puissions affirmer nos convictions, ne pas les brader, et en même temps garder au creux de l’âme une question ? Te garder toi comme une question toujours ouverte ? Car si tu es bien le Dieu de mon amour, celui dont je confesse que tu es le Vivant, comment ne pas reconnaître que je te connais si mal ?
La conversation, en nous-même, comme entre nous, est alors l’indépassable nécessité pour confesser ton nom. Le nom qui ne peut se posséder. Toi le Fils qui conversais en secret avec ton Père, l’ami et le maître qui ne t’es pas lassé de converser avec des disciples, pourtant sourds à la vérité.
Converser, pour mieux goûter ta vie. Et l’offrir en partage. Converser pour te chercher.
* Évangile selon saint Marc, chapitre 9, verset 7
Soeur Véronique Margron, théologienne
Psaume dans la Ville
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire