Le mot "ascèse" fait peur. Que
veut-il dire ? Pourquoi est-il souvent accolé à "sainteté" ?
On peut dire que chaque chrétien est invité à
être au moins un peu ascète. Le mot
ascèse vient d'un verbe grec, askeo, qui veut dire faire de l'exercice, au sens
d'un entraînement sportif. Evidemment, faire des exercices n'est pas un but en
soi, mais c'est en vue de se rendre plus disponible pour accueillir Dieu. Il ne
s'agit pas de se créer des obligations difficiles ou douloureuses !
Il faut s'exercer à se désencombrer. [...] C'est un exercice qui a une dimension
intérieure, mais qui passe par le corps, parce que notre corps nous sollicite
beaucoup : nous avons faim, envie de ceci ou marre de cela… Si nous obéissons de manière servile à toutes
les demandes de notre corps, il risque de nous mener par le bout du nez ! Nous
ne pouvons plus alors construire grand'chose, ni accueillir.
Il peut aussi exister une ascèse de la
parole, pour quelqu'un de très bavard, ou une ascèse de l'imagination pour
celui dont l'imaginaire prend trop de place… ou encore une ascèse de la pensée
pour celui qui est trop occupé à réfléchir et qui en oublie la relation aux
autres…
En fait, c'est un rapport à soi-même : c'est
faire en sorte que le moi, avec tous ses appétits et ses désirs, ne soit pas
envahissant, mais soit disposé pour un autre.
Un chrétien est dans la dynamique du serviteur qui se laisse habiter par
la volonté d'un autre, par le désir d'un autre qui ne fait jamais intrusion de
manière violente, mais qui vient le rejoindre dans les zones où il est le plus
vrai, le plus lui-même.
Dieu peut toujours venir. Lors de la conversion de saint Paul, Dieu est
venu chez quelqu'un qui était très encombré ! Mais il lui a fallu frapper très
fort à la porte. Dieu est toujours libre de venir. Mais plus on se disposer à
l'accueillir, plus il lui sera facile d'entrer.
Oui, mais il n'existe pas de règle unique
pour tous les chrétiens. Chacun doit sentir, en fonction du point où il en est,
ce qu'il peut faire pour accueillir davantage Dieu.
Pour l'un, l'exercice portera donc sur la
nourriture, un autre devra dominer ses pensées folles… Chacun a le devoir de
regarder ce qui se passe ?
Il faut d'abord être attentif. Nous sentons
tous intérieurement quand nous sommes en train de nous laisser envahir,
"bouffer" par quelque chose. Quand cela arrive, il faut en parler, à
un ami, à un accompagnateur spirituel, en lui demandant confirmation, si lui
aussi a senti ce qui arrive. Si la
personne confirme, on peut réfléchir aux moyens et aux décisions à
prendre. Ensuite, il faut s'y
tenir. Ce n'est pas plus compliqué.
L'ascèse est au service de la liberté et de
la disponibilité du croyant pour accueillir Dieu. Il s'apercevra en même temps
qu'il est aussi plus libre et disponible pour accueillir ses frères et sœurs.
Sans doute qu'on n'en aura jamais fini tant
qu'on est vivant, parce qu'être vivant, c'est être habité par de nombreux
désirs qui parfois débordent. Je crois que si l'on veut progresser, on doit
commencer par le commencement, en se demandant à quel point de réforme dans sa
vie on peut être appelé. Quand on regarde les itinéraires des grands
spirituels, on voit que souvent, tout commence par une chose toute bête, toute
simple.
Oui, elle porte des fruits de liberté, de
disponibilité, elle rend hospitalier, à la fois pour Dieu et pour ceux que l'on
côtoie. Cela donne de la joie, car cela rend heureux de pouvoir accueillir
quelqu'un.
Hospitalier cela va jusqu'à se laisser habiter
par ce que dit l'autre. Quelque chose de l'autre passe en vous. Cela demande de
faire bon accueil à quelqu'un, de l'écouter, d'être disponible quand il est
dans la peine et qu'il a besoin de l'exprimer, ou de pouvoir se réjouir avec
lui quand il est joyeux. L'ascèse rend heureux.
Il faut se dire que l'ascèse, c'est un
rendez-vous avec quelqu'un. Cela change tout ! Ce n'est pas une corvée, c'est
un chemin de bonheur.
Le P.
Etienne Grieu, jésuite, théologien, dans l'émission
"Mille questions à la foi" sur Radio Notre-Dame, le 20 mai 2013.
croire.com
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Si certains sont appelés par le Seigneur à le suivre de plus
près dans une vie de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, ces trois
conseils sont en fait une sagesse indispensable pour tout chrétien. Quel
que soit notre état de vie, un certain détachement des biens de ce
monde, une certaine chasteté et une certaine obéissance sont
nécessaires. Car ce sont là les voies pour nous libérer de notre égoïsme
et de notre orgueil. Ce sont là les moyens pour ouvrir notre cœur au
don de Dieu, qui nous appelle, après la mort, à vivre avec lui dans un
monde transformé.
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