29 juin 2013

CLOÎTRES DE FRANCE



Pour certains, le cloître est une sorte de prison: être "cloîtré" n'est-t-il pas en effet synonyme d'être reclus, voire prisonnier? Et ne dit-on pas de celui qui ne supporte aucune forme d'enfermement qu'il est claustrophobe?


Sénanque, Vaucluse
Rien de tel, cependant, bien au contraire! Dans l'architecture des bâtiments conventuels, telle que l'ont voulue les premiers frères, le cloître occupe une place centrale.
Du cloître, par une modeste porte, moines et moniales entrent dans l'église, alors que le grand porche de la façade principale est réservé à la foule des fidèles.
La salle capitulaire, où les religieux débattent des évènements qui touchent leur vie quotidienne, s'ouvre le cloître par de larges baies sans fenêtres.  Du cloître encore, l'on accède aux différents édifices ou salles du monastère: cellier, dortoirs, cuisine, réfectoire, scriptorium...
Cloître Mont-St-Michel
Bref, le cloître est au coeur de la vie monastique; il est un lieu de passage obligé, incontournable; il est ce lieu de transition nécessaire et apaisant entre les tâches matérielles et les activités spirituelles, marqué, de façon plus ou moins discrète, par la présence symbolique de l'eau où chacun vient se purifier.
St-Ghilhem-le-Désert (Gard)
Avec son ample galerie circulaire, le cloître offre un espace de déambulation silencieuse, où les jeux d'ombre et de lumière enchantent les yeux las de la journée, où l'harmonie et la fraîcheur des ogives apaisent les tourments de l'esprit.
Il offre aussi un espace de verdure où murmure souvent l'eau d'une fontaine, où la chaîne d'un puits égrène encore parfois son cliquetis familier. C'est un jardin, sage ou désordonné, qui nous renvoie l'image que nous nous faisons... du paradis.
À l'écart des bruits qui agressent les oreilles, des néons éclatants qui aveuglent les yeux, de l'agitation qui souvent disperse inutilement nos forces vives, le cloître est, par excellence, le refuge où peut s'épanouir la vie intérieure.
Cloître St-Trophime, Arles
Il est le havre où l'on se retrouve, au coeur de soi-même, pour faire sien le silence habité des pierres qu'ont caressées des milliers de cantiques... pour savourer le mariage du ciel et de la terre que chaque saison habille de couleurs et de parfums nouveaux... pour goûter le tête-à-tête serein avec la voûte du firmament étoilé.

Sylvie, familleholt@yahoo.fr, Sept. 2010

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