Pour certains, le cloître est une sorte de
prison: être "cloîtré" n'est-t-il pas en effet synonyme d'être
reclus, voire prisonnier? Et ne dit-on pas de celui qui ne supporte aucune
forme d'enfermement qu'il est claustrophobe?
|
Sénanque, Vaucluse |
Rien de tel, cependant, bien au contraire!
Dans l'architecture des bâtiments conventuels, telle que l'ont voulue les
premiers frères, le cloître occupe une place centrale.
Du cloître, par une modeste porte, moines et
moniales entrent dans l'église, alors que le grand porche de la façade
principale est réservé à la foule des fidèles.
La salle capitulaire, où les religieux
débattent des évènements qui touchent leur vie quotidienne, s'ouvre le cloître
par de larges baies sans fenêtres. Du cloître encore, l'on accède aux différents
édifices ou salles du monastère: cellier, dortoirs, cuisine, réfectoire,
scriptorium...
|
Cloître Mont-St-Michel |
Bref, le cloître est au coeur de la vie
monastique; il est un lieu de passage obligé, incontournable; il est ce lieu de
transition nécessaire et apaisant entre les tâches matérielles et les activités
spirituelles, marqué, de façon plus ou moins discrète, par la présence
symbolique de l'eau où chacun vient se purifier.
|
St-Ghilhem-le-Désert (Gard) |
Avec son ample galerie circulaire, le cloître
offre un espace de déambulation silencieuse, où les jeux d'ombre et de lumière
enchantent les yeux las de la journée, où l'harmonie et la fraîcheur des ogives
apaisent les tourments de l'esprit.
Il offre aussi un espace de verdure où
murmure souvent l'eau d'une fontaine, où la chaîne d'un puits égrène encore
parfois son cliquetis familier. C'est un jardin, sage ou désordonné, qui nous
renvoie l'image que nous nous faisons... du paradis.
À l'écart des bruits qui agressent les
oreilles, des néons éclatants qui aveuglent les yeux, de l'agitation qui
souvent disperse inutilement nos forces vives, le cloître est, par excellence,
le refuge où peut s'épanouir la vie intérieure.
|
Cloître St-Trophime, Arles |
Il est le havre où l'on se retrouve, au coeur
de soi-même, pour faire sien le silence habité des pierres qu'ont caressées des
milliers de cantiques... pour savourer le mariage du ciel et de la terre que
chaque saison habille de couleurs et de parfums nouveaux... pour goûter le
tête-à-tête serein avec la voûte du firmament étoilé.
Sylvie, familleholt@yahoo.fr, Sept. 2010
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire