31 juillet 2012

L'AMOUR, UN CERCLE UNIQUE





Dieu lui-même, le dynamisme qui fait être tout ce qui est, s'est révélé à nous en un homme "reconnu en tout comme un homme". De même le Christ de Dieu vient nous trouver en des hommes comme les autres. Amos est un bouvier, les premiers apôtres des pêcheurs du lac, Jésus lui-même le charpentier. On peut évidemment s'attarder sur l'origine modeste des envoyés. Paul dira en 1 Corinthiens 1,27: "Ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre la force; ce qui dans le monde est sans naissance, ce que l'on méprise, voilà ce que Dieu a choisi..." Cependant je voudrais plutôt insister sur le fait que Dieu ne nous rejoint pas directement mais les uns par les autres. L'Esprit ne nous parle-t-il pas directement? Si, mais c'est par d'autres hommes que nous avons appris qu'il y a un Esprit. Tout nous vient dans un échange de paroles. Et pourtant Paul dit: "J'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis..." (1 Corinthiens 11,23). Du Seigneur, vraiment? Oui, mais par les premiers Apôtres. Cette constante de la médiation, du "passage par", peut nous aider à comprendre qu'il y ait une Église. Il y a en quelque sorte une généalogie de la foi, une liste qui remonte au Christ. Aucun de nous, fût-il responsable dans l'Église, n'est auteur ou propriétaire du message évangélique, mais nous sommes tous traversés par lui. Et il va ailleurs, vers d'autres.

Jouons avec les chiffres. À propos de la Trinité, je disais que le couple, le "seulement deux", nous laisse dans la relation narcissique d'un effet de miroir et qu'on n'en sortait que par l'intervention d'un 3e terme. Autre image: on peut tracer une infinité de cercles passant par deux points: un champ de possibilités innombrables.
Avec trois points, un seul cercle. Si l'on voit la relation comme un cercle dont chaque point est nécessaire aux autres, on peut dire que le trois est image de la perfection.
Alors, pourquoi Jésus envoie-t-il ses disciples "deux par deux" ? C'est que le 3e terme réside dans les gens qu'ils vont rencontrer. A deux, ils sont en manque du destinataire de l'Évangile; ils doivent donc se mettre en route pour le rencontrer. "Malheur à moi si je n'évangélise pas", dit Paul. Et il s'en va; pas seul: avec Barnabé ou Silas. Bien sûr, ces chiffres sont symboliques. Disons que c'est toujours une communauté qui porte l'Évangile. En effet son message est justement que, tous, nous avons à faire communauté, communion. Sans les autres, disciples du Christ, nous sommes incomplets. Ainsi la démarche des disciples en route pour aller rencontrer d'autres hommes correspond exactement au contenu du message qu'ils leur apportent. "Je viens vers toi pour te dire que nous avons à aller les uns vers les autres. La preuve? C'est que je viens; ou plutôt, que nous venons.

Marcel Domergue, jésuite
in L'Évangile au quotidien,
en ligne

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