30 janvier 2024

DEMEURER

 


Les sarments ont besoin de la sève, et la vigne a besoin de ses fruits, du témoignage

Le verbe « demeurer », menein en grec, revient 67 fois dans l’Évangile et les épîtres de saint Jean. Il l’utilise parfois dans un sens physique, matériel, donc extérieur, inscrivant ainsi Jésus dans l’histoire : le Christ « demeura » à tel ou tel endroit, en Galilée ou en Samarie, et ses premiers disciples « demeurèrent auprès de lui » (Jean 1, 39 ) Mais le plus souvent, il emploie l’expression dans un sens métaphorique, c’est-à-dire intérieur : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples » (Jean 8, 31), « Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jean 15, 04), « Je demeure dans son amour » (Jean 15, 10).

Même quand saint Jean l’utilise au sens concret, le verbe « demeurer » prend déjà une couleur spirituelle.  Les deux premiers futurs apôtres demandent à Jésus où il habite : « Rabbi, où demeures-tu ? » (Jean 1, 35-42) Jésus les invite alors à venir et voir, à venir pour voir. Après quoi les disciples « demeurèrent auprès de lui ». Mais où ? Mystère ! Au fond, dans la vie de foi : il s’agit de passer d’un « demeurer » extérieur à une expérience intérieure, celle de « demeurer dans ». 

Un « demeurer » réciproque, car Jésus nous appelle à « demeurer en lui », à tenir bon dans sa Parole, dans son amour. Il nous l’ordonne même, car il sait que hors de lui nous ne pouvons rien faire (Jean 15, 5), mais qu’avec lui, tout est possible (Luc 18, 27). Voilà ce qu’est la vie chrétienne : nourrir sa relation personnelle avec le Christ, vivre dans la proximité de Dieu, grandir dans son amitié avec lui, le laisser vivre, aimer, croire et espérer en nous. Entre la vigne et les sarments, il y a ce demeurer intime. Les sarments, nous, ont besoin de la sève, et la vigne a besoin de ses fruits, du témoignage, insistait le pape François.

Alexia Vidot , journaliste à La Vie

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