7 janvier 2023

L’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE

 

Benoît XVI 1927-2022



Dans ses Dernières conversations, Joseph Ratzinger (futur Benoît XVI) le dit : « Dieu est si grand que nous n’en aurons jamais fini. Il est toujours nouveau. Nous devons montrer que l’infinité dont l’homme a besoin ne peut venir que de Dieu » et c’est même un objectif : « Nous devons aussi trouver de nouveaux mots et de nouvelles manières pour permettre aux gens de franchir le mur du son de la finitude. »


Une espérance qui ne me concerne pas personnellement n’est pas une véritable espérance.

Tout au long des jours, l’homme a de nombreuses espérances – les plus petites ou les plus grandes – variées selon les diverses périodes de sa vie. Parfois, il peut sembler qu’une de ces espérances le satisfasse totalement et qu‘il n‘en ait pas besoin d‘autres. Dans sa jeunesse, ce peut être l‘espérance d‘un grand amour qui le comble; l’espérance d’une certaine position dans sa profession, de tel ou tel succès déterminant pour le reste de la vie. Cependant, quand ces espérances se réalisent, il apparaît clairement qu’en réalité ce n’était pas la totalité. Il paraît évident que l’homme a besoin d’une espérance qui va au-delà. Il paraît évident que seul peut lui suffire quelque chose d’infini, quelque chose qui sera toujours plus que tout ce qu’il ne peut atteindre. En ce sens, les temps modernes ont fait grandir l’espérance  de l’instauration d’un monde parfait qui, grâce aux connaissances de la science et à une politique scientifiquement fondée, semblait être devenue réalisable.

Ainsi l’espérance biblique du règne de Dieu a été remplacée par l’espérance du règne de l’homme, par l’espérance d‘un monde meilleur qui serait le véritable „règne de Dieu“. Cela semblait finalement l’espérance, grande et réaliste, dont l’homme avait besoin. Elle était en mesure de mobiliser – pour un certain temps – toutes les énergies de l’homme; ce grand objectif semblait mériter tous les engagements. Mais au cours du temps, il parut clair que cette espérance s’éloignait toujours plus. On se rendit compte  avant tout que c’était peut-être une espérance pour les hommes d’après-demain, mais non une espérance pour moi. Et bien que le « pour tous» fasse partie de la grande espérance – je ne puis en effet devenir heureux contre les autres et sans eux – il reste vrai qu’une espérance qui ne me concerne pas personnellement n’est pas non plus une véritable espérance. Et il est devenu évident qu’il s’agissait d’une espérance contre la liberté, parce que la situation des choses humaines dépend pour chaque génération, de manière renouvelée, de la libre décision des hommes qui la composent..

Pape Benoît XVI

PÈLERIN, hors-série décembre 2022

Aucun commentaire: