7 décembre 2022

L’ESPRIT D’ENFANCE

 



Pour retrouver cet esprit d’enfance, il faut le décider. Dire « oui » d’emblée.

Pour continuer à aimer la vie, il faut revenir à l’esprit d’enfance…
Pour le comprendre il faut d’abord distinguer trois âges qui ne sont pas vraiment ce que l’on croit : l’enfant, l’adolescent et l’adulte. L’état d’enfance, c’est l’adhésion spontanée au monde, à tout ce qui arrive, au réel. Il est minuit. On frappe à la porte. C’est le Père Noël. Qu’il ait les mêmes chaussures que l’oncle Christophe ne change rien. Pour l’enfant c’est le Père Noël en chair et en os. L’enfant prend le bonheur qui vient au pied de la lettre. Puis il y a l’adolescence qui est tout le contraire : ce n’est plus l’adhésion spontanée, mais le refus réfléchi et l’esprit critique. Derrière le Père Noël, l’adolescent voit une tradition ringarde et le mensonge des parents. Enfin, il y a l’âge adulte qui, pour beaucoup, est une adolescence installée. On ne se fait plus avoir. On se laisse plus rien raconter. On est dur comme une pierre. Alors on s’aigrit et on vieillit. Le refus est de moins en moins réfléchi et de plus en plus spontané. 

Mais en fait, l’adulte, ce n’est pas ça. La vraie maturité c’est tout le contraire : c’est prendre le meilleur de l’enfance et de l’adolescence. C’est la rencontre heureuse de ce qu’il y a de meilleur dans l’enfant et dans l’adolescent. C’est l’adhésion réfléchie. On n’adhère plus comme l’enfant, mais on est quand-même toujours prêt à se laisser à nouveau saisir par l’émerveillement de la vie. C’est l’esprit d’enfance : l’enfance selon l’esprit, si nécessaire pour continuer à aimer la vie.

Pour retrouver cet esprit d’enfance, il faut le décider. Dire « oui » d’emblée. Quand on se décide, il y a quelque chose qui n’attend pas toutes les raisons de le faire. C’est ce qui arrive à Pierre quand Jésus l’appelle à le suivre. Il n’attend pas que toutes les raisons soient réunies, mais il jette ses filets. Faire le choix, alors même qu’on devrait attendre d’en savoir plus, c’est la foi ! Je marche vers toi, je ne sais pas très bien pourquoi, mais je continue, je fais le pas de plus. C’est le « oui » de Marie.  

Un conseil pour réussir à garder cette attitude du « oui » d’emblée, malgré toutes les turbulences, c’est celui de saint Thomas d’Aquin : « Dieu ne permet aucun mal dont il ne puisse tirer un bien plus grand. » Le mal n’excède jamais le bien. L’art, c’est de tirer un bien du mal. Le mal ne défigure pas le plan de Dieu. La réponse se trouve dans la confiance. 


Martin Steffens, philosophe 

„Rien que l‘amour“


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