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| Image Olivier Metzger, photographe |
Savourer les plaisirs de l’ombre
Quand le Christ reviendra dans la gloire, « de nuit, il n’y en aura plus ; ils se passeront de lampe ou de soleil pour s’éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière », dit le texte de l’Apocalypse (22, 5). Mais d’ici ce grand jour, nous sommes plongés dans les ténèbres. Celles de la maladie, de la souffrance et de la mort, des crises à n’en plus finir, des guerres et des injustices, de l’apparente absence de Dieu et de son silence…
Les chrétiens doivent regarder cette obscurité en face, mais sans s’y résigner : les ténèbres n’auront pas le dernier mot, telle est leur espérance. Ainsi sont-ils appelés à être des sentinelles qui guettent l’aurore de la venue du Christ, de sa présence dès maintenant et ici-bas : « Veilleur, où en est la nuit ? », invite le prophète Isaïe (21, 11). Encore faut-il que cet instant d’obscurité se déploie à sa juste valeur. Vue d’en haut, dans l’espace cosmique, notre planète scintille de tous ses feux. Avec ses écrans et ses Smartphones allumés en permanence, ses magasins ouverts jusqu’à point d’heure, ses villes qui ne s’éteignent jamais. Alors, en cette période de l’Avent, du latin adventus qui signifie « arrivée », donnons-nous les conditions de savourer les plaisirs de l’ombre. Profitons de cette sobriété énergétique contrainte pour appréhender le rythme particulier du monde nocturne. Parce que nous sommes débarrassés de notre rôle social diurne, nous pouvons nous laisser aller au repos, à la méditation et à la prière. Dans la solitude d’une cellule ou le cocon d’un coin prière, le priant se tient en présence de Dieu alors que le monde dort. Il chante ses merveilles et reçoit sa Parole. Il lui porte aussi tous les gémissements des hommes que ces heures sombres exacerbent.
Sous le ciel étoilé, on revient à soi et même à une autre partie de notre humanité plus en prise avec notre authenticité primordiale. La nuit représente l’un des derniers endroits qui rappelle le temps d’avant la modernité excessive.
Par Pascale Tournier avec Alexia Vidot
La Vie

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