On rêve sa vie en grand, on s’aperçoit avec le temps qu’elle se vit en petit.
« L’éternité entre dans notre existence le jour où nous mettons le cap sur Dieu », écrit Teilhard de Chardin dans Genèse d’une pensée. L’art de vivre en chrétien ne consiste pas à devenir un esprit fantomatique, ni à se désincarner, ni à quitter la terre pour mieux s’élever vers le Ciel, mais à laisser l’Esprit Saint faire en nous sa demeure, en mendiant chaque jour l’humilité du cœur, en laissant le Christ nous influencer par sa Parole, en vivant le combat de la prière quotidienne, l’incessante conversion des petits pas, le courage qu’il faut pour éviter les occasions de chute et ne pas discuter avec la tentation. On rêve sa vie en grand, on s’aperçoit avec le temps qu’elle se vit en petit, comme un pain posé sur la table familière, et qu’il faut choisir l’amour du Seigneur en chaque chose ordinaire. La grandeur de notre existence n’aura jamais la démesure de nos rêves, mais la profondeur de notre amour vécu. Plus nous cherchons la vie intérieure, plus nous devenons nous-mêmes. Plus nous recevons l’Esprit de Dieu, plus nous habitons notre corps comme un Temple élevé sur la terre des hommes.
Cessons enfin de nous indigner. Les indignés sont généralement insupportables et toujours épuisants. On risque l’acouphène. Ils donnent soif à force de trop crier et leur agitation frénétique participe indéniablement du réchauffement climatique. Leurs hurlements contribuent largement à la vanité du monde. L’indignation ne tient pas lieu de conversion. Commençons par nous convertir, et tout ira mieux. Les structures ne se réforment que par la conversion des hommes.
Il est inévitable que des scandales arrivent, dit le Seigneur, et des pauvres, nous en aurons toujours avec nous. Le Christ n’est pas venu anéantir les pécheurs, ni empêcher les scandales, ni éradiquer la pauvreté mais orienter notre cœur vers le Père. Lui seul fera toutes choses nouvelles. En attendant nous cheminons comme des voyageurs, de consolations en désolations, de chutes en relèvement. Et il est simple sagesse de consentir à l’imperfection, tout en livrant bataille contre l’esclavage du péché. Mais une bataille calme et déterminée, sans excitation. Les meilleurs légionnaires sont calmes au combat. Ils se hâtent lentement.
Luc de Bellescize, prêtre du diocèse de Paris
aleteia.org
Seigneur, pourquoi m’avez-vous dit d‘aimer tous mes frères, les hommes ?
J‘ai essayé, mais vers vous je reviens effrayé. J’étais si tranquille chez moi, mais vous m’avez forcé à entrouvrir ma porte, le cri des hommes m’a réveillé, une amitié m’a ébranlé et j’ai laissé ma porte entrouverte…
Les premiers sont entrés chez moi, il y avait un peu de place dans mon coeur. Jusque-là, c’était raisonnable. Mais les suivants, Seigneur, les autres hommes, ils étaient nombreux, ils étaient misérables, ils m’ont envahi sans crier gare: il a fallu faire de la place chez moi !
Plus ils poussent la porte, plus la porte s‘ouvre. Seigneur, je suis perdu, je ne suis plus à moi: il n‘y a plus de place pour moi chez moi.
„ Ne crains rien, dit Dieu, tu as tout gagné, car tandis que des hommes entraient chez toi, Moi, ton Père, Moi ton Dieu, je me suis glissé parmi eux.“
Michel Quoist, 1921-1997, religieux

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