La vie spirituelle, c’est se départir des fausses images de Dieu pour se rapprocher du Dieu vivant.
Le point commun des diverses formes de fanatisme, c’est que Dieu, absolu, infini, en est singulièrement absent, remplacé par d’autres objets qui sont relatifs et finis. Ces objets peuvent être respectables en eux-mêmes (les commandements, un livre sacré, un culte), mais le problème arrive lorsqu’ils deviennent des absolus, comme Dieu. C’est ce qu’on appelle l’idolâtrie. Or Dieu, dans son infinité, est toujours beaucoup plus grand que ce que j’en pense.
L’idolâtrie est une tentation constante dans le cœur de l’homme. D’ailleurs, le premier commandement porte là-dessus : « Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi. » Et tout l’Ancien Testament peut se lire comme un approfondissement de la connaissance de Dieu depuis Adam et Ève, qui se sont trompés sur son image en adoptant celle d’un Dieu exigeant, dur, cherchant à les empêcher de vivre. Il va falloir toute la Bible pour connaître le visage de Dieu qui se révèle dans le Christ. La vie spirituelle, c’est bien cela : se départir des fausses images de Dieu pour se rapprocher du Dieu vivant.
Le contexte actuel est particulier pour les chrétiens dont la place dans la société a été remise en question par la sécularisation. Dans ce contexte, leur tentation est de confondre Dieu et la religion. Notez bien que je pense que la religion est une bonne chose ! C’est le moyen d’aller vers Dieu, mais ce n’est pas Dieu. Elle est relative à Dieu, mais elle n’a pas de valeur absolue. Idolâtrer sa religion, c’est au fond une manière de s’adorer soi-même. Croire au Christ n’est pas adorer ma propre identité. Garder à Dieu la seule place absolue ne signifie nullement que je ne me soucie pas du reste. Je crois que la foi chrétienne est vraie, mais le christianisme ne peut pas prendre la place de Dieu. Dieu est plus grand que les effets visibles de sa révélation et donc il est plus grand que le christianisme.
Adrien Candiard, dominicain
auteur de l’essai « Du fanatisme. Quand la religion est malade » (Cerf, 2020)
Magazine Prier, mai 2021

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