Anne-Dauphine Julliand a perdu deux filles, Thaïs et Azylis, en 2007 et 2017: « La consolation m’est venue d’inconnus »
« Ce ne sont pas toujours les personnes les plus proches qui m’ont consolée, car c’est difficile quand on a soi-même le cœur brisé par une peine commune. Étonnamment, j’ai réalisé en souffrant que la consolation pouvait venir de n’importe qui. J’ai été apaisée dans la rue, alors que je pleurais, par une personne qui s’est approchée de moi et dont j’ignore le nom. Une caresse sur le bras, un « Bon courage! » m’ont rejointe dans ma douleur.
Quand ma fille était hospitalisée, une infirmière m’a dit: « Je suis là. « Cette présence engagée m’a fait sentir que je n’étais plus seule avec la souffrance. Les derniers jours de Thaïs, alors que j’étais si fragile, assoiffée d’un soutien, j’ai aussi aimé la phrase d’un médecin. Angoissée, je lui avais demandé: « Comment trouvez-vous ma fille ? », et il m’avait répondu: « Je la trouve belle. » Sa réponse m’a permis de ne plus uniquement me concentrer sur la vie qui s’en allait, mais de laisser aller ma peine. Et puis comment le monde aurait-il pu me consoler si je ne l’avais pas exprimée?
À mon tour, j’ai pu consoler des inconnus. Récemment dans le métro, j’ai juste murmuré durant quelques stations: « Ça va ? Je peux vous aider ? » à une femme qui pleurait. J’ai simplement été présente, sans sécher ses larmes. Et en consolant cette personne, j’ai moi-même ressenti une grande paix intérieure. »
Anne-Dauphine Julliand, journaliste et écrivain
in « Consolation « édition Les Arènes
famillechretienne.fr

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