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Le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine
Je suis frappé de l’importance que le pape accorde au thème de l’enracinement. « Il est nécessaire d’enfoncer ses racines dans la terre fertile et dans l’histoire de son propre lieu, qui est un don de Dieu », écrit-il.
C’est pour lui la condition même d’une « ouverture à un bien plus grand, bénéfique à tous... ». « Je ne rencontre pas l’autre si je ne possède pas un substrat dans lequel je suis ancré et enraciné, car c’est de là que je peux accueillir son don et lui offrir quelque chose d’authentique. » Et d’ajouter : « Chacun aime et prend soin de sa terre avec une attention particulière, tout comme chacun doit aimer et prendre soin de sa maison, car les voisins ne le feront pas. Le bien de l’univers l’exige » (§ 143).
François rejoint là un thème cher à la merveilleuse Simone Weil selon laquelle l’enracinement n’était pas seulement un devoir, mais « le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine ». En 1943, la philosophe recommandait à cette fin de ménager une place prépondérante dans l’éducation « à l’art roman, au chant grégorien, à la poésie liturgique et à la poésie et la prose des Grecs de la bonne époque »...
Sans aller jusque-là, le pape insiste sur le nécessaire contact des jeunes avec les personnes âgées, porteuses de la mémoire (§ 19) et nous met en garde : « Les peuples qui aliènent leur tradition... par une négligence impardonnable, qui tolèrent qu’on leur arrache leur âme, perdent, avec leur identité spirituelle, leur consistance morale et, enfin, leur indépendance idéologique, économique et politique » (§ 13).
Xavier Accart
editorial prier-presse.fr janv.-fév. 2021
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