La culture de la dénonciation souligne la disparition totale de la notion de miséricorde et d’acceptation de l’autre dans notre société.
Même si les jeunes ont encore des héros dans leurs livres, le principe de l’héroïsme a disparu. Il ne s’agit plus d’accomplir de grandes choses mais de dénoncer. Il ne s’agit plus de faire mais d’être dans le bon camp et de dénoncer le mauvais camp. La cancel culture bat son plein : cette culture du bannissement de toutes les figures anciennes ou contemporaines qui ne correspondent pas au standard d’une moralité contemporaine. On veut déboulonner des statues, on donne des noms de rues à des personnes qui n’ont rien fait si ce n’est être des victimes, on accuse a priori des groupes de personnes pour ce qu’elles sont et non ce qu’elles ont réellement fait. On se regarde soi-même et on se trouve tellement beau, tellement victime, que l’on accuse tous les autres. Ce lynchage médiatique permanent crée une peur diffuse de se trouver cloué au pilori à la première phrase mal interprétée, à la première imprécision de langage.
Il peut être utile et nécessaire de condamner les comportements scandaleux de certaines personnes : l’Église a été mise en accusation pour avoir couvert des faits gravissimes et c’est heureux car cela a permis une prise de conscience et des actions concrètes. Mais l’ambiance générale de cette culture du bannissement souligne la disparition totale de la notion de miséricorde et d’acceptation de l’autre dans notre société. Procès d’intention, jugements a priori, refus de la discussion et de l’écoute, interdiction de la prise de parole publique au nom de la défense de « valeurs » nouvelles sont désormais quotidiens.
Comme chrétien, je contemple Jésus assis en face de la femme adultère. Il se tait, écoute, dessine des traits sur le sol et rejette toute forme de lapidation en interrogeant les accusateurs sur leur propre moralité. Face à cette culture de la lapidation médiatique et sociale, seule l’attitude de Jésus peut nous permettre de continuer à vivre ensemble.
Père Pierre Vivarès, curé de paroisse à Paris
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Être victime d'une « cancellation », c'est-à-dire une « annulation » ou un « effacement », signifie qu'une attaque collective a été menée à votre égard, visant à discréditer votre légitimité à vous exprimer.
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