11 octobre 2021

PLUS JAMAIS UN ANGE !

 





À cause de ce désastre humain et spirituel, ma vie chrétienne va prendre un nouveau départ. 

Michel Cool fut un enfant, élève dans un petit séminaire. Il raconte ses souvenirs, et les pratiques ambiguës qu’il dut subir, avant que sa conscience ne s’éveillât. Pour ne plus être un ange, et entendre le cri des opprimés qui nous appellent à la conversion.

La première personne, après mes parents, à m’avoir vu nu, fut un prêtre. J’avais 9 ans. J’étais élève dans un collège religieux en province dans les années soixante.

« J’étais un ange », comme chantait Michel Delpech. Dans mon innocence, je me disais que tout ce que cet « homme de Dieu » faisait, c’était pour mon bien. Et si j’avais eu l’idée saugrenue d’évoquer la scène à mes parents, ils n’auraient pas réagi autrement. Ma pudeur souffrait donc son regard et ses gestes parce qu’ils étaient ceux d’un prêtre. Ma conscience s’est éveillée bien plus tard. D’abord grâce aux médias et aux laïcs et clercs catholiques qui ont alerté leurs hiérarchies sur les agressions sexuelles commises dans l’Église.

Je ne suis pas descendu aux enfers ! Je n’ai pas connu les affres dont parlent les centaines de milliers de victimes dans le volumineux rapport de la commission Sauvé. Je n’ai pas quitté l’Église catholique, je n’ai pas perdu la foi et des prêtres figurent parmi mes meilleurs amis. Alors ? Pourquoi je témoigne dans cette tribune ? Pour dire simplement qu’à cause de ce désastre humain et spirituel, ma vie chrétienne va prendre un nouveau départ. Elle sera désormais dirigée par l’option préférentielle pour les victimes : les victimes des abus sexuels et spirituels et les victimes de tous les abus d’autorité, d’intrusion, d’intimidation, de culpabilisation, de domination, de déshumanisation.. Je ne serai plus jamais un ange…

Les victimes des crimes abominables perpétrés dans l’Église catholique m’exhortent, nous exhortent, amis chrétiens, à être des géants d’écoute aux épaules larges et courageuses ; à être des réformateurs évangéliques, assidus et résolus, de nos communautés ; à être des hommes et des femmes à la foi vigilante ; des veilleurs au milieu, et non à côté du monde ; avec des cœurs de pauvres ! N’oublions jamais que le Christ nous appelle à la conversion par la bouche des victimes et des opprimés : ils sont le visage du Christ.


Michel Cool, journaliste, éditeur, écrivain, octobre 2021


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