22 octobre 2021

LEÇON DE BOXE

 



Esquiver, encaisser, répondre

« De quoi discutiez-vous en chemin ? » (Mc 9, 33). La question est sympathique, signe que Dieu s’intéresse à nous, à nos discussions et nos problèmes, mais les disciples se taisent,

Quand la parole est bloquée, un geste peut rouvrir la communication.

Les moqueries font partie de la vie : elles sont désagréables mais pas dramatiques et ça va durer toute la vie, partout où tu iras : en groupe, l’être humain n’est pas gentil.

Des moqueries, on n’en meurt pas, normalement. C’est l’illusion de notre société de prétendre les interdire, sous couvert de lutter contre les discriminations : elles existeront toujours, et le rôle de l’éducation est de les limiter — par l’apprentissage du respect de toute personne, en commençant par celle qui est en situation de faiblesse. On ne se moque pas des petits. On ne fait pas non plus un drame des petites vexations de la vie ordinaire. La boxe te donnera les trois règles de la survie en société : esquiver, encaisser, répondre, l’idéal étant que ça reste verbal.

Esquiver, encaisser, répondre. Jésus a appris à ses disciples à se tenir sur leurs gardes, à éviter les situations de critiques, des pharisiens et de tous ceux qui ne sont pas des amis de la paix : partez. Il leur a appris ce que les hommes des temps passés savaient mieux que nous : à encaisser, endurer les difficultés et les insultes. Il les avait sortis de leurs habitudes et de leurs milieux, ne parlons pas de confort pour ces hommes qui menaient une vie dure. Dans l’Évangile, on les entend rêver plus souvent que gémir. Et il leur a donné l’exemple de réponses percutantes, il les a plus d’une fois secoués, comme il a plus d’une fois cloué le bec à ses détracteurs.

Esquiver, encaisser, répondre. Ah ! vous n’êtes pas habitués à entendre ça en homélie ? Vous pensiez peut-être que Jésus est un utopiste, qu’il n’a pas grandi au milieu des enfants de son âge, qu’il ne sait pas ce qu’est une meute, qu’une bande de hyènes peut venir à bout d’un tigre ? 

Un peu de réalisme ! Nous savons comme un geste de tendresse peut éclairer une journée et une contrariété l’assombrir ! Nous savons surtout la joie à rendre service et aider. « Le Seigneur Jésus lui-même a dit qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35). Dans tout ce qui nous met en joie, il y a ce qui vient des autres de réconfortant, autant de signes de la bonté et de la Providence de Dieu, mais il y a bien plus l’Esprit-Saint agissant dans nos cœurs. Avant d’être le Consolateur, il est le Protecteur de nos âmes, pour éviter le péché. Esquiver, se dérober aux tentations, aux attaques de l’Adversaire. Encaisser, endurer les difficultés. Répondre au mal par le bien, répondre aux blocages par un geste de tendresse. Esquiver, encaisser, répondre.


P. Christian Lancrey-Javal, prêtre du diocèse de Paris


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