31 octobre 2021

… AU POINT D‘EN OUBLIER LE CORTÈGE DES SAINTS

 



L’immonde désigne tout ce qui nous empêche de dire que le monde réel est beau. Malgré l’immonde et nos aveuglements, l’Église est belle. 


Toute vie spirituelle est l’histoire d’une action de grâce arrachée à la pente du désenchantement. Qu’il soit vécu comme une pose avantageuse de dandy ou comme une lassitude de vivre, le désenchantement muselle l’émerveillement. Il bande les yeux ou il les brouille. Il est vrai qu’il y a bien des raisons d’ironiser devant les ravis de la beauté du monde. Il peut y avoir bien des aveuglements et bien des mensonges rassurants dans l’affirmation de la beauté du monde. 

Le désespoir est une autre sucrerie, tout aussi dangereuse et sans doute plus sournoise. „ Le péché contre l’espérance — le plus mortel de tous, est peut-être le mieux accueilli, le plus caressé. Il faut beaucoup de temps pour le reconnaître, et la tristesse qui l’annonce, le précède, est si douce ! C’est le plus riche des élixirs du démon, son ambroisie.“ (Bernanos) On peut, plein de fierté, appeler « maturité » ce qui n’est souvent qu’un pourrissement ou un dessèchement intérieur.

Dans son roman, (illustration ci-dessus), Lapaque appelle « l’Immonde » tout ce qui, dans la modernité, décervelle, enlaidit et se substitue au réel. L’immonde désigne tout ce qui, au fond, nous empêche de dire que le monde est beau. Bernanos notait qu’on pouvait regretter parfois qu’un saint, contrairement à un cardinal, ne se distingue par aucun détail vestimentaire. Ne laissons pas l’immonde visible de certains clercs brouiller notre regard, au point d’en oublier le cortège des saints. Car, une fois qu’ils sont canonisés, nous n’avons plus d’excuses pour ne pas les voir. L’Église est tellement belle, cependant.


Henri Quantin, agrégé de lettres classiques, chroniqueur à aleteia .org

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