Quand on a ses racines dans la profondeur, la surface porte ses fruits.
Qu’est ce qui se passe quand le Christ est dans la barque, quand Il est dans ma profondeur intérieure ?
Le texte dit : « Il prend le large face à la terre et il enseigne. »
Dès que nous sommes conscients de cette présence inouïe au fond de nous et que nous avons avec elle une relation vivante, alors nous percevons l’enseignement pour peu qu’on prenne la distance vis à vis du rivage où il y a la turbulence de la vie extérieure.
Et quel est cet enseignement que je perçois au fond de moi ?
Le Christ dit à Pierre, c’est-à-dire à toi, à moi :
« Avance en eaux profondes » c’est superbe !
La profondeur de ces eaux, c’est le lieu du poisson, on ne pêche pas à la surface.
Le lieu du poisson et le poisson sont le symbole du Christ – ictus – ce sont les syllabes de Jésus Christ. Il est le poisson. Il est la profondeur habitée de moi-même et si je prête écoute, alors je suis constamment vivifié par sa source, je suis constamment purifié, je suis constamment restauré, ici et maintenant.
Et les eaux profondes, c’est la haute mer, c’est-à-dire qu’on quitte la surface agitée des choses. La surface extérieure, agitée, sans le Christ, c’est le vide. Il n’y a aucun fruit – on ne porte rien – c’est le néant et de surcroît, c’est la nuit.
Combien souvent nos travaux nous paraissent vides de sens parce que, hors de Lui (comme Il le dira ailleurs), « vous ne pouvez rien faire ».
Mais alors Pierre a une réponse de foi extraordinaire. Il dit :
« Sur Ta parole, je vais jeter les filets. »
Et Pierre qui va jeter les filets, ça veut dire que au lieu de construire, comme nous le faisons si souvent, sur nos réflexions psychiques, techniques mêmes, sur nos émotions ( parce que nous vivons selon nos émotions ), nous sommes ballotés par notre âme et ses états continuels – et bien, on peut construire sa vie sur la Parole – Et quand on construit sa vie sur la Parole de Dieu, on est en eaux profondes.
La haute mer ressemble au désert. C’est table rase de tout le reste. On ne voit plus que l’horizon, il n’y a plus rien d’autre. On ne peut s’attacher qu’à la profondeur et quand on a ses racines dans la profondeur, la surface porte ses fruits.
Sans quitter notre maison ou notre travail, nos meubles qui nous entourent, nous nous détachons, comme on détache la barque du rivage pour jeter l’ancre dans ses profondeurs à cause de la Parole.
P Alphonse Goettmann, prêtre orthodoxe
Extrait de l’homélie sur la pêche miraculeuse.
seraphim-marc-elie.fr

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