Vitrail de la cathédrale de Chartres |
Thomas finit par croire à fond, pour tous ceux qui ne croyaient qu’à moitié.
[L’apôtre] Thomas n’a pas l’air convaincu par le récit de ses compagnons. Peut-être justement parce que, malgré ce qu’ils disent, ils n’ont pas l’air vraiment changé après cette première rencontre avec le ressuscité. Peut-être que leur comportement ne colle pas vraiment avec ce qu’ils racontent. Si vous aviez vraiment vu Jésus, pourquoi rester là, coincés entre quatre murs ? (...)
Il ose donc, aller où ça fait mal. Ses mains dans les plaies du Christ. Il ose poser les questions qui fâchent. Il n’est pas gêné par les blessures, Thomas. Il veut juste comprendre. (...) Finalement, Thomas finit par croire à fond, pour tous ceux qui ne croyaient qu’à moitié.
Et d’où lui vient sa conviction ? Des blessures du Christ. De ce qu’il y a plus douloureux, en somme. Les traces de la haine que les hommes vouaient à Jésus. Des marques d’un corps rendu vulnérable aux clous et aux crachats. Bref, c’est le Christ faible, le Christ blessé, le Christ fragile qui donne à Thomas sa force. Et quelle force. Parce que Thomas comprend que si le Christ ose lui montrer sa propre faiblesse, les coups reçus, l’épreuve endurée, alors lui aussi peut faire de même. Et Thomas n’a plus peur d’avouer au Seigneur que, tout simplement, il ne croyait pas assez.
Quelle grande leçon. Qui n’a pas reçu dans sa vie, par sa faute, ou bien non, des blessures, dans sa chair ou dans son cœur. Qui n’est pas, ici, fragile ? On peut, longtemps, faire semblant d’ignorer ces histoires brisées dont nos corps et nos cœurs portent souvent la trace. On peut feindre la perfection et taire ses doutes. Mais l’on risque ce faisant de passer Pâques enfermé avec les disciples, coincé par l’image que l’on voudrait donner, prisonnier d’une perfection idéale à laquelle plus personne ne croit, ni nous, ni Dieu, ni les autres. Mais franchement, moi je n’en peux plus d’être enfermé.
Alors aujourd’hui Jésus nous demande, à chacun : « Tu voudrais cacher tes blessures alors que je te montre les miennes ? Tu as honte de ta faiblesse alors que j’exhibe la mienne ? » Pâques n’efface pas nos blessures, mais Pâques les transfigure. Pour que des lieux les plus morts en nous puisse jaillir la vie. Tellement de vie qu’elle sera contagieuse.
Fr. Frank Dubois, dominicain
Extrait de l’homélie « Il fallait oser » 11avril 2021
lejourduseigneur.com
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