27 avril 2021

LE BRUISSEMENT D‘UN FIN SILENCE

 



Cette discrète présence divine a de grands effets sur nos vies.

« Élie marcha jusqu’à la montagne de Dieu, à l’Horeb. Il arriva là, à la caverne et y passa la nuit. Il y eut devant le Seigneur un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers ; le Seigneur n’était pas dans le vent.

Après le vent, il y eut un tremblement de terre ; le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre.

Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le Seigneur n’était pas dans le feu.

Et après le feu, le bruissement d’un souffle ténu.

Alors, en l’entendant, Elie se voilà le visage avec son manteau ; il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. » 1Rois 19


Ici, nous avons des phénomènes violents : un ouragan, un tremblement de terre et un incendie, ce genre d’événements qui font penser à beaucoup de gens que s’il y avait un Dieu, il ne permettrait pas de pareilles catastrophes.

Elie est à l’abri dans sa grotte. Maintenant, il comprend que ni l’ouragan, ni le tremblement de terre, ni l’incendie, ne révèlent rien de Dieu. Ces phénomènes ne peuvent que frapper les imaginations, et c’est tout. Les sens affinés d’Elie vont lui permettre de percevoir ce qui aurait pu passer complètement inaperçu : le bruissement d’un souffle ténu. L’expression en hébreu contient l’idée d’une finesse presque imperceptible, le bruissement d’un fin silence.

Ce fin silence ne change pas le cours des événements, mais il invite à la relation, au dialogue, à la prière. Contrairement à l’ouragan, au tremblement de terre, ou à l’incendie, cette manifestation ne fait pas peur.

Cette révélation tout en douceur met en évidence qu’on est dans la gratuité de ce fin silence, de cette présence de Dieu, que Bernard de Clairvaux évoquait ainsi : « le Verbe m’a aussi visité et […] il l’a fait même plusieurs fois. Mais quoiqu’il soit entré souvent en moi, je ne m’en suis pas néanmoins aperçu. J’ai senti qu’il y était, je me souviens qu’il y a été, j’ai pu même quelquefois pressentir son entrée, mais je ne l’ai jamais senti, non plus que sa sortie. » Ce n’est pas une expérience sensible qui toucherait seulement les sens, mais c’est la prise de conscience d’une présence.

Pour Luther, cette présence « ne pouvait être ni vue, ni datée, ni située, ni capturée, ni sentie, ni vêtue. Ce que l’on voit et ce que l’on sent n’est rien. Ce n’est rien si tu interroges tes cinq sens, ta raison, ta sagesse. C’est tout autre chose qui fait un chrétien, quelque chose dont tu ne perçois même pas un soupir. »

Dieu a promis sa présence, à tout instant et en toutes circonstances. Mais cette présence ne se manifeste ni dans le bruit ni dans tout ce qui pourrait frapper nos imaginations.

Une telle expérience de la présence divine n’est pas sans conséquences. 

«  Alors, en l’entendant, Elie se voilà le visage avec son manteau ; il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. »

Oui, cette présence divine est discrète, mais elle a de grands effets dans nos vies.


Bernard Mourou, pasteur protestant

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