Conçue sans péché, Marie ne peut que choisir le bien. Pourtant, son choix s’exerce librement.
Puisque nous ignorons la longueur du tunnel pandémique, remettons-nous à méditer sur un sujet indémodable: la liberté! Traditionnellement, on fait consister la liberté en deux éléments. Il y a d‘abord un élément d‘alternative: la liberté est le pouvoir d‘aller dans un sens ou dans l‘autre, d‘opter pour ou contre. Mais nous sentons que le pouvoir d‘alternative ( dire oui ou non, faire ceci ou cela) n‘est pas une fin en soi. Le choix qui n‘est pas orienté vers un but noble réduit la liberté à un jeu de pile ou face qui peut se révéler destructeur: „ un coup ça passe, un coup ça casse“, comme dit la chanson. D’où le second élément, plus intérieur: l’adhésion du coeur profond à ce pour quoi nous sommes faits (la vie, le vrai, le beau, le bien...).
Grandir, c‘est adhérer toujours plus profondément à ce qui est bon, lumineux, fécond. Par conséquent, la liberté est un pouvoir de choix qui s‘accomplit dans une décision pour le bien.
Travaux pratiques: contemplons comment Marie de Nazareth exerce sa liberté lors de la fameuse Annonciation. Dieu a un projet: épouser l’humanité en prenant chair d‘une femme. Comment va-t-il s‘y prendre ? L‘ange Gabriel va-t-il faire du porte-à-porte en attendant de trouver la perle rare: une mère porteuse digne du divin Enfant? Non! Celle qui a porté Celui qui porte tout est choisie de toute éternité entre toutes les femmes. Dieu s‘est dit: „ Je vais lui faire une proposition qu‘elle ne pourra pas refuser “. Conçue sans péché, Marie ne peut que choisir le bien. Pourtant, son choix s’exerce librement. Le fiat de Marie („ Qu‘il soit fait selon ta parole! “) est fort de cette liberté : elle s‘engage tout entière dans cette maternité mystérieuse. Choisir, ce n‘est pas forcément avoir le choix. C‘est pouvoir répondre à un appel. En ces temps où nos choix sont bousculés et les alternatives pas toujours claires, demandons-nous d‘abord à quoi nous sommes appelés.
Paul Clavier, enseignant-chercheur en philosophie
Panorama, mars 2021
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