21 janvier 2021

LE MYSTÈRE INVISIBLE DE LA VIE

 



Il faut consentir à l’hiver, ce temps de l’extrême pauvreté.

Jésus-Christ ne nous parle guère, sauf en de rares cas, que de grains, de terre, de semailles, de moisson, de cep et de sarments et des lois de la germination. Expliquer ce choix d’images par le cadre sociologique, non urbain, de la prédication de Jésus serait insuffisant. Il y a dans le parti adopté par le Christ une intention pédagogique clairement voulue.  À travers ses références à l’enseignement de la nature, il nous livre le maître secret de la Vie qui demeure, porte du fruit et ne peut pas mourir.

Certes, lorsqu’il y a disette de vie chrétienne dans la Maison du Père et qu’une moisson rapide est urgente, il faut infiniment de courage et de patience pour emprunter les chemins de la vie et faire fidèlement pousser du grain.

Cependant, si l’on a cette folie de croire au mystère invisible de la Vie, celle qui renaît de l’apparente mort, on est assuré de voir ce grain devenir épi, moisson et germe vivant de toutes les moissons futures.

On ne peut faire l’économie de l’hiver pour voir aussitôt verdir le printemps et cueillir le fruit de sa peine. Il faut consentir à l’hiver, ce temps de l’extrême pauvreté, des efforts apparemment inutiles, alors que les racines se nouent aux intimes profondeurs où se prépare l’explosion de la sève et d’où jaillira la munificence du printemps.

Il faut parfois savoir pleurer humblement sur certains échecs visibles de la vie au sein du peuple de Dieu - car ces échecs sont l’indice d’une insuffisante présence de l’Esprit Saint - et déjà rendre grâce si, loin de vouloir cueillir hâtivement des fruits visibles, on est décidé à s’en aller chercher une profondeur plus grande encore pour y faire courageusement de nouvelles semailles, celles qui, le jour venu, crieront à la face du monde la gloire de Dieu.


Marguerite Hoppenot, 19001-2010, fondatrice du mouvement Sève

in Cette Vie qui m’est donnée, éd. Mediapaul

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