6 juillet 2020

S’AIMER SOI-MÊME



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Tu aimeras ton prochain comme tu t’aimes toi-même !

S’aimer soi-même : combien de fois as-tu entendu répéter que c’était de l’« égoïsme » ? Pourtant, s’aimer soi-même comme don d’un Dieu se donnant lui-même, comme lieu à ouvrir de plus en plus, comme donataire pour qui le Père n’a pas épargné son propre Fils (Rm 8, 32), n’est-ce pas ce que requiert l’autre face du commandement de la charité : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ? Il est écrit : « comme toi-même », « comme tu t’aimes ». Le mauvais riche qui ne remarque pas le pauvre Lazare parce qu’il est emmuré dans son abondance est-il quelqu’un qui s’aime ? Le péché, a répété Georges Bernanos, est de ne pas s’aimer. Et, si quelqu’un se hait par honte ou par ressentiment, comment pourra-t-il aimer son proche, lui donner une paix qu’il n’a pas, lui rendre un sourire qui ne monte pas sur ses lèvres, se mettre librement à son service ? Il y a même un « égoïsme » encore plus caché, cette haine de soi qui consiste à vouloir toujours donner, sans accepter de recevoir, d’être en dette vis-à-vis d’autrui. Si ton commerce avec lui est toujours à sens unique, comment le laisseras-tu être ce qu’il est : un autre, un semblable ? Aimer son prochain comme soi-même est donc comme une conversation où chacun, tour à tour, parle et se tait, écoute et partage, comme un échange où personne n’est supérieur s’il donne – quoiqu’il y ait plus de bonheur à donner qu’à recevoir (Ac 20, 35) – ni n’est inférieur s’il reçoit, puisqu’un don inférieur n’enchaîne pas. Et peut-être en est-il ainsi avec ton Père du ciel ? Peut-être le second commandement offre-t-il ainsi une nouvelle profondeur au premier ?

Michel Corbin, jésuite, professeur honoraire à l’Institut catholique de Paris et professeur invité au Centre Sèvres. 
MAGNIFICAT méditation 

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