4 mai 2020

DÉCONFINONS DIEU LUI-MÊME



Fraternité catholique de la Parole, Port de Bouc (13)
(Père Antony K., Toulouse) 

... plutôt que de se battre à déconfiner les messes.

La question du déconfinement n’est-elle pas l’occasion de nous interroger sur le sens de ce que nous vivons? De profiter de ce moment exceptionnel, le kairos, le moment favorable, pour voir ce à quoi notre foi a été renvoyée durant ce confinement, avec l’impossibilité d’assemblée dominicale ? L’absence de célébration liturgique épuise-t-elle toute la foi ? La période que nous avons vécue prouve bien l’inverse: nous nous sommes sentis en communion sans communier. Elle peut aussi nous inciter à revoir notre compréhension de l’Eucharistie, qui est aussi le service d’autrui. Au fond, le dimanche, célébrons-nous une communion aux dimensions universelles, la communion des saints n’est pas un vain mot dans l’Église, ou bien sommes nous des consommateurs d’hosties dans une vision parfois réductrice du sacrement?
Cette crise peut justement nous offrir de nouvelles pistes, sans pour autant renoncer à l’eucharistie. Le confinement a donné lieu à de très belles liturgies domestiques, le christianisme renouant alors avec ses racines juives. Il a permis la formation de groupes de lectures, de méditations, d’études sur la Bible, d’écoute de la Parole, bien au-delà des cercles de pratiquants habituels.  Enfin, il s’est traduit par de nombreux gestes de solidarité de la part des paroisses et de leurs prêtres. À se demander si, plutôt que de se battre à déconfiner les messes, il ne vaudrait pas mieux se battre pour déconfiner Dieu lui-même, et le sortir d’églises parfois trop fermées.

Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef 
Extrait de « Déconfiner Dieu »

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