Fléchissant les genoux, je m’abandonne, avec confiance, à l’invisible.
Le crucifix qui s’élève dans un paysage, au carrefour de deux routes, à l’entrée d’une église ou d’un cloître, au sommet d’une montagne, les bras étendus du Christ-Roi – préfiguration de son martyre en même temps que geste d’embrassement – au-dessus d’une ville, à l’embouchure d’un fleuve… Toutes ces figures de bois ou de pierre sont comme un point de butée pour ma conscience. Pour elle, c’est comme le dernier site visible. Au-delà, fléchissant les genoux, je m’abandonne, avec confiance, à l’invisible. À partir, au-delà de ce point de visibilité, s’étend un autre site, « vrai lieu » que mes yeux ne peuvent voir, que mon seul esprit ne peut concevoir. Quant à la vérité, elle n’est pas « triste », comme le pensait rêveusement Ernest Renan, mais triomphante, exaltante, joyeuse – comme la résurrection, comme la promesse du salut. Quant à moi, concentré autant que je le peux sur l’événement christique, je ne termine pas, je ne m’« accomplis » pas, je ne trouve pas mon apothéose : je commence, j’apprends lettre à lettre le nom qui est au-dessus de tout nom (Ph 2, 9).
Patrick Kéchichian, ancien journaliste au Monde.
Magnificat, méditation quotidienne
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En ce jour, nous nous tenons face à la croix, avec tous ceux qui combattent le mal, qui le subissent dans leur chair, qui pleurent un être aimé. En ce vendredi saint qui semble s’éterniser, la croix n’est mystérieusement pas qu’un signe de mort ou de désespoir. Elle resplendit aussi du don du Christ, qui donne du prix à ma vie, à chacune de nos vies. Un prix infini.
Fr. Marc-Antoine Bêchétoille, dominicain
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