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Les dures épreuves sont-elles une forme de grâce ?
Après Daech, c’est aujourd’hui l’épidémie du Covid-19…, l’épreuve nous met à genoux : « Et j’entends ce cri : “Pourquoi Dieu, tu te tais ? ” Dieu n’est pas l’épreuve, il est dans notre épreuve. S’il n’est pas à l’origine du mal, pourquoi le permet-il ? Nous perdons notre énergie à chercher la cause quand il faut se mobiliser pour assumer le réel et le tragique de l’existence.
« L’idée d’une punition voulue par Dieu me révolte, s’inquiète une fidèle à l’heure du coronavirus. Nous l’avons bien mérité avec la course à la mondialisation mais, quand j’ai besoin plus que jamais d’un Dieu d’amour, comment l’imaginer nous envoyant une pénitence ? » Il n’empêche, Dieu apparaît souvent comme le coupable idéal.
« Cette vision d’un Dieu qui nous punit pour nos péchés a fait beaucoup de mal au christianisme, constate Bertrand Vergely, philosophe orthodoxe. C’est une tentation dans toutes les religions, mais il ne faut pas faire de Dieu le père du mal. »
Dieu sauve d’abord : « Dieu ne veut ni la mort, ni la souffrance. Il ne nous lâche pas une seconde, mais c’est à nous de triompher de l’épreuve », insiste Bertrand Vergely.
Et vouloir faire l’économie de l’épreuve est une illusion. En faisant mémoire des événements, les hommes découvrent qu’il y a un « avant » et un « après », qu’ils sortent de l’épreuve transformés. Ce n’est qu’une fois arrivé “plus avant” que l’on peut reprendre souffle et comprendre le sens d’une épreuve, découvrir le trésor caché sous la boue du malheur.
Quand la mort rôde, que nous apprenons le décès de proches, nous prenons davantage conscience de notre finitude. En Jésus-Christ, Dieu se fait proche de l’humain dans ce qu’il a de plus souffrant, jusqu’à la mort. »
« Pourquoi Dieu a-t-il fait un monde où advient non seulement l’imprévu, mais l’imprévisible ? L’imprévisible est une porte ouverte sur un avenir où le meilleur est possible. L’épreuve, qui peut être tragique, est aussi l’occasion d’un pas en avant. » Ce que le confinement a pu montrer : inventivité, solidarité ont pu se manifester depuis plusieurs semaines.
À nous de décider, selon les effets qu’elles produisent en nous, si les dures épreuves qui nous sont imposées sont oui ou non une forme de grâce.
En toutes circonstances, donc, approfondir notre existence : « Comment habiter l’espace restreint de nos appartements, retrouver le temps qui s’écoule, demeurer dans ce lieu de vie et croire que Dieu en fait sa demeure.
C’est une occasion de redécouvrir notre humanité, nous souvenir de ce que nous sommes et que Dieu se souvient de nous. » C’est le défi spirituel de l’épreuve d’aujourd’hui, et la réponse appartient à chacun : « La pandémie n’a pas de but. Mais le monde retourne dans sa maison intérieure, nous vivons un shabbat planétaire, indique Bertrand Vergely. Si nous retrouvons nos forces intérieures alors nous sortirons plus forts de cette épreuve. »
Christophe Henning, journaliste spécialisé dans la presse catholique.
(extraits)
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