26 janvier 2020

CONSERVATISME INADMISSIBLE ?





Le christianisme est devenu minoritaire dans notre pays.

Le fait d’être majoritaire ou minoritaire ne peut suffire à définir la place de la religion dans une société. Sans nier le déclin, je préférerais dire que le christianisme est repoussé dans les marges de la société par l’opinion dominante qui s’intitule « progressiste », au motif qu’il serait précisément, dans ses formes et sa doctrine, un obstacle au progrès. C’est une thèse séculaire qui continue d’être véhiculée alors même que le catholicisme n’est plus capable d’exercer un pouvoir social significatif. Nous avons affaire à une certaine interprétation de la laïcité qui n’a plus rien à voir avec la séparation des commandements religieux et des règles politiques, mais qui vise à obtenir un espace social vierge de toutes références spirituelles. Et ce, au même moment où l’on s’efforce d’accueillir de la manière le plus généreuse possible cette nouvelle religion en France qu’est l’islam. Les chrétiens ont affaire à un déclin qui vient de leur milieu mais aussi à une opinion dominante hostile qui guide le législateur dans une volonté de faire disparaître ce qu’elle considère comme un conservatisme inadmissible. Au point de refuser d’entendre, par exemple, les arguments contre l’ouverture du mariage aux couples de même sexe qui, bien que de l’ordre de la nature humaine, ont été considérés comme l’expression contraire à la laïcité d’une vision catholique. Tout ce qui conteste l’extension indéfinie des droits individuels est mis sur le compte de l’ennemi catholique. Il est vrai que, aujourd’hui, la culture catholique est la seule force collective, aussi impuissante soit-elle, qui essaye de s’opposer à une déferlante idéologique et législative. Celle-ci livre les institutions primordiales du monde humain à l’individu qui réclame un droit absolu à obtenir tout ce qu’il désire.

Professeur de philosophie politique, Pierre Manent
extrait de „ La place de la religion dans notre modernité “
Prier - la place de la religion dans notre modernité. 2020

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