11 octobre 2019

ROBINSON CRUSOÉ: SOUPÇONNER UNE PRÉSENCE







Une rencontre bouleversante

Dieu ne s’est pas contenté de se laisser chercher par l’homme. Il a lui-même pris l’initiative de venir à lui. C’est cette affirmation, avec toutes ses conséquences, qui fait la différence essentielle entre le christianisme et toutes les autres religions.
Le christianisme se présente comme le don de Dieu. Une comparaison très simple peut nous faire saisir la portée de cette différence. Pensons à Robinson Crusoé dans son île. Au début, il s’y croit seul. Puis des indices peu à peu s’accumulent qui lui font soupçonner la présence de quelqu’un d’autre dans l’île qu’il croyait déserte. Ce sont d’abord des traces de passage qui pourraient à la rigueur être celles d’un animal. Puis viennent les marques d’une présence indiscutablement personnelle, comme les restes d’un feu encore chaud. Petit à petit, de ces indices accumulés et des réflexions qu’ils suscitent en lui, Robinson va se faire une idée assez précise de son compagnon toujours invisible. Puis, un beau jour, sur la grève, il le voit devant lui, venant à sa rencontre. De ce moment, tout est changé. Non seulement la connaissance qu’il pouvait déjà s’être faite de l’autre va être corrigée, enrichie, complétée. Mais elle va devenir un genre tout nouveau de connaissance : une connaissance personnelle. Et cette connaissance renouvelée va transformer non seulement les idées de Robinson, mais sa vie, parce que l’autre précisément, bien vivant, et non plus seulement l’idée que Robinson pouvait s’en faire, y est entré.

Louis Bouyer p.o.(† 2004), prêtre de l’Oratoire, a été professeur à l’Institut catholique de Paris
Méditation du jour, Magnificat

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