18 avril 2019

CELLE QUI REDONNE L’ÉLAN DE L’ESPÉRANCE



Vierge à l’enfant, 14ème s., portail ouest

Cette nuit n’était pas faite pour dormir. A la vue de Notre-Dame en flammes, l’émotion était trop forte, la tristesse trop intense, la prière trop nécessaire. Vous avouerais-je pourtant qu’à la consternation a très vite fait place en moi une sorte de reconnaissance subjuguée ? Des propos que j’avais toujours désiré entendre ont semblé jaillir comme par miracle de ce funeste évènement. Que de magnifiques paroles unanimes les médias n’ont-ils pas relayées de manière persistante et ininterrompue ! De la part de touristes, de badauds, de journalistes, d’hommes politiques, d’ecclésiastiques, d’esthètes, de pompiers,… Des gens de tous âges, de toutes conditions, de toutes origines et de toutes croyances… Une mystérieuse communion semblait régner enfin sur ce peuple de France dont les mois écoulés avaient si tristement montré au monde le morcellement et les fractures. Cette 
unité qu’un message présidentiel, prévu le même soir, n’aurait probablement pas réussi à renouer, Notre-Dame, la Vierge Sainte, l’accomplissait sous nos yeux éberlués. Et si c’était encore une fois l’intervention surnaturelle de la Mère de Dieu qui redonnait à notre cher et vieux pays l’élan de l’espérance ?
Bien sûr restent l’infinie douleur de voir ces ruines désolées, l’irréparable perte de tant d’œuvres d’art, et l’abattement devant la tâche colossale de la reconstruction. Pourtant en cette Semaine Sainte qui débouche sur la victoire de Pâques, les chrétiens aiment à se redire que de tout mal, Dieu peut faire sortir un bien. De quel relèvement ce désastre est-il la promesse et l’amorce ? Ces  pierres dont le Seigneur nous disaient hier encore qu’elles crieraient, ne les entendons-nous pas, encore fumantes, appeler au sursaut et à la foi ?


Père Guillaume de Menthière, prêtre du diocèse de Paris

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« Et où il faut résolument faire ce qu’il faut faire
Et s’adresser directement à celle qui est au-dessus de tout…
Parce qu’aussi elle est infiniment bonne,
A celle qui intercède,
La seule qui puisse parler avec l’autorité d’une mère.
S’adresser hardiment à celle qui est infiniment pure,
Parce qu’aussi est elle infiniment douce,
A celle qui est infiniment noble
Parce qu’aussi elle est infiniment courtoise …

A celle qui est infiniment jeune, parce qu’aussi elle est infiniment mère …
A celle qui est infiniment joyeuse,
Parce qu’aussi elle est infiniment douloureuse »



Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, Paris : N R F, 1916


Or qui peut  aujourd’hui être capable d’unir l’humanité entière dans un mouvement de recueillement et d’unité à part la Vierge Marie ?Notre Dame est bel et bien l’âme de la France, et elle lui redonne l’élan d’espérance qui faisait défaut ces derniers temps.

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