22 mars 2019

LE RESSENTI ET SON ABSENCE






L’aridité, une invitation envoyée par Dieu

L 'expérience sensible de la présence de Dieu n'a pour but que d'être dépassée. « Ce qui compte, c'est de L'aimer non pas parce qu'on ressent ou parce qu'Il nous donne quelque chose, mais parce que c'est gratuit. Si on ressent quelque chose, tant mieux, si on ne ressent rien, tant mieux, car on aime Dieu non pas pour ce qu'on en retire mais parce que c'est Lui et qu'Il a donné sa vie pour moi », complète le Père Matthieu Aine.
Tout comme dans l'amour conjugal, où les couples doivent apprendre à passer de la passion brûlante à la volonté aimante. Tenir bon dans la tempête, dire « Je t'aime » quelle que soit sa température intérieure. À Dieu, donnons sans compter. Parfois, on ressentira sa présence, souvent ce sera plus aride. Mais qu'importe ! Ce n'est pas l'essentiel et, surtout, cela ne dépend pas véritablement de nous. Ce qui dépend de nous, c'est d'être là. [...] La valeur de notre prière ne dépend plus de notre ressenti mais de sa fidélité. 
Durement vécue, cette aridité, à moins qu'elle ne soit la conséquence de notre tiédeur, est en réalité une invitation envoyée par Dieu pour fortifier notre foi. Dans une expérience plus âpre, quelque chose de plus grand nous est donné. Privé de grâces sensibles, nous devons agir avec une volonté plus ferme, l'amour devient donc plus fort. Et nous apprenons ainsi à nous abandonner entre les mains de Dieu, à Lui faire totalement confiance.
Le ressenti, tout comme l'absence de ressenti, ne permettent pas de mesurer avec justesse notre proximité avec Dieu. Le ressenti est toujours inférieur à la véritable action de Dieu en nous. Nous n'en percevons qu'une partie infime. Il est comme une vague dans un océan, il peut y avoir un creux de 20 mètres, mais par rapport à la grandeur de l'océan, ce n'est rien. Et ce n'est pas parce que nous ne ressentons rien que Dieu n'est plus près de nous. « C'est le démon qui nous pose cette insinuation aussi perfide que suggestive : Dieu (...) nous invite à découvrir sa présence en nous d'une manière plus intérieure que le ressenti. C'est l'objet de la relecture et de la prière à la fin de la journée : à quel moment Dieu est passé dans ma vie, aujourd'hui ? Exercice de décryptage difficile qu'un père spirituel peut nous aider à réaliser.
Sans oublier que Dieu est là, en nous, tout le temps, à chaque instant, que nous le ressentions physiquement ou pas. « Tu étais au-dedans de moi et je ne le savais pas ! », écrira saint Augustin. 

Élisabeth Caillemer
« Le ressenti, un faux ami ? « (extrait)
famille chrétienne n°2143

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