« Il y a une fissure, une fissure en toute chose / c’est comme ça que la lumière pénètre ».
Léonard Cohen cherche cette lumière dans le nom imprononçable de Dieu, « écrit sur mon cœur en lettres de feu », évoqué dans la chanson Born in chains : « c’est dans chaque atome / qu’est le Nom brisé ». Ce Nom, Jésus et les chrétiens demandent qu’il soit sanctifié dans le « Notre Père ». Ce Nom, magnifié à la fin de la vie du chanteur dans You want it darker : « magnifié sanctifié soit ton saint Nom / diffamé crucifié parmi les humains ». Ce Nom d’amour, célébré dans There for you : « j’étais là pour toi mon unique amour / et tout s’est fait selon ta loi ». Ce Nom divin, prié dans l’émouvante chanson If it be your will : « que ta miséricorde se déverse / sur tous ces cœurs qui brûlent en enfer / si c’est ta volonté / de nous faire du bien ».
« La religion de Leonard se caractérise donc par la liberté et l’ouverture. Elle ne comporte sans doute pas beaucoup de rites, mais elle façonne des êtres d’une belle humanité ». En 1991, lors d’une rencontre avec le poète à Paris, il lui demanda comment il pouvait tenir ensemble le fait qu’il soit juif, qu’il parle avec un prêtre catholique et qu’il s’intéresse au bouddhisme. Sa réponse, éblouissante et concise, résume la quête de sa vie : « Oui, je suis juif, et cela a beaucoup d’importance pour moi; j’ai des amis catholiques, et j’ai grand plaisir à parler avec eux; je fais des séjours au monastère de Mount Baldy. Mais tu vois, pour moi, tout cela ce sont des chemins. Ce qui importe, c’est le but. La seule chose qui m’intéresse, c’est Dieu ».
In Dominique Cerbelaud, Leonard Cohen et son Dieu, Bruxelles, Éditions Les Impressions Nouvelles, 2018
jacquesgauthier.com
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Dieu se révèle dans la vulnérabilité du Crucifié et la victoire du Ressuscité. Il ne s’impose pas, mais il se livre à notre liberté, jusqu’à mendier notre amour : « J’ai soif. »
Dieu Père, Fils et Esprit se complaît dans ce qui est faible, petit, démuni, exclu, nous libérant du cauchemar d’un Dieu justicier. Ce Dieu qui n’a plus rien s’abaisse par amour, de la crèche à la croix. Il se fait petit dans le pain et le vin pour nous transformer dans son corps glorieux. Paradoxe d’unir ainsi souffrance et joie, Vendredi saint et Pâques.
Cette joie chrétienne naît beaucoup plus de l’acceptation confiante de la croix que de la croix elle-même, qui reste toujours douloureuse et scandaleuse, sinon ce ne serait pas la croix. L’amour du Christ absorbe tout, surtout l’épreuve, et sa résurrection se fraye un chemin à travers nos douleurs et nos imperfections qui deviennent des lieux de salut par où sa lumière entre. « Là où le péché s’était multiplié, la grâce a surabondé » (Romains 5, 20).
Cette joie chrétienne naît beaucoup plus de l’acceptation confiante de la croix que de la croix elle-même, qui reste toujours douloureuse et scandaleuse, sinon ce ne serait pas la croix. L’amour du Christ absorbe tout, surtout l’épreuve, et sa résurrection se fraye un chemin à travers nos douleurs et nos imperfections qui deviennent des lieux de salut par où sa lumière entre. « Là où le péché s’était multiplié, la grâce a surabondé » (Romains 5, 20).
« Un Dieu si fragile »
4 janvier2013
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