1 décembre 2018

VERS UN AUTRE MONDE


Campagne de Noël 2018 Les Petits Frères des Pauvres


Aimer gratuitement, perdre son temps pour l’autre, accueillir la fragilité.

« Qu’est-ce que la vérité ? », demandait Pilate. La vérité n’est pas réservée aux intellectuels ou aux savants, elle est tout simplement ce qui nous fait vivre, nous-mêmes et ceux que nous rencontrons. Elle est de l’ordre de l’amour. La royauté de Jésus n’est donc pas à la manière du monde qui trop souvent fait du pouvoir une oppression, mais à la manière de Dieu qui, par amour, s’efface pour nous offrir la liberté.
Au cœur du va-et-vient de Pilate entre Jésus et les chefs de son peuple, il y a cette scène de dérision : un roi couronné d’épines. Jésus semble vaincu, mais en fait, il est le véritable vainqueur. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », avait-il dit. Il a aimé de cet amour et inaugure un royaume d’un genre nouveau dont il est le roi-berger, le roi-serviteur, un roi bienveillant et compatissant.
Que mettre au frontispice de ce Royaume sinon le mot amour qui traverse la Bible et prend toute sa dimension sur la croix ? Un amour non de type commercial, du genre win-win, mais un amour prêt à donner sans immédiatement recevoir en retour. Il est le ressort de notre histoire humaine et son horizon. Ce Jésus humilié viendra sur les nuées, « tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé. » De quel monde Jésus est-il le roi ? D’un monde qui s’écroule ? (...) De notre époque ébranlée où les crises multiples invitent à passer vers un autre monde, vers une autre société ? Jésus aussi pressentait la fin d’une époque pour son peuple. Aujourd’hui, nous sentons bien que quelque chose ne peut plus durer, que quelque chose est occupé à s’effondrer. Un autre monde cherche à naître. On parle de transhumanisme, de posthumanisme, peu importe. Nous vivons une transition. Allons-nous reléguer Jésus dans les royaumes du passé ou acceptons-nous qu’il nous accompagne ?
Et qu’emporterons-nous dans ce monde ? Les valeurs qui font l’essentiel de l’évangile, de la Vérité dont Jésus est le témoin ? Ou bien nous laisserons-nous emporter par une logique mercantile et consommatrice, où la machine prend de plus en plus de place et nous transforme en ce quelle est : quelque chose d’efficace, mais incapable d’aimer gratuitement, de perdre son temps pour l’autre, d’accueillir la fragilité ?

Extrait de l’homélie de
P. Charles Delhez, jésuite

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