Ne nous décourageons pas dans notre quête du bien et du beau
Strasbourg, personne ne s’y trompe, cristallise une double valeur symbolique. Capitale européenne, Strasbourg est aussi capitale de Noël. Des millions de personnes se pressent ici, dans nos quartiers et sur nos marchés, et retrouvent l’éclat et la joie enfantine de Noël. Ils glanent, ici, le rayonnement d’un grand mystère, celui de la naissance de Jésus-Christ, il y a vingt siècles.
Beaucoup m’ont interpellé sur ce choc inimaginable entre la douceur de Noël et la violence de l’attentat. Que répondre ? Sinon que cette percussion infernale ne doit pas nous décourager dans notre quête inlassée du bien et du beau.
D’abord, parce que cette percussion n’est pas neuve. Seule notre insouciance nous aura fait oublié qu’à l’innocence de la naissance est aussi liée la férocité des mauvais instincts. Dans la Bible, nous est rapportée la cruauté du roi Hérode le Grand qui fait assassiner tous les petits enfants de la région de Bethléem. Nous appelons cette tuerie, le massacre des Innocents. En ce monde où nous aspirons à un bonheur pur et simple, il n’y a pas loin de la vie à la mort. Il n’y a pas de bien qui ne soit serré de mal. Rien qui ne soit imprégné de risque. Affrontons en face cette vérité intemporelle pour ne pas nous laisser surprendre par le mal.
Ensuite, parce que cette percussion terrible ne donne pas raison au mal. Là encore, la Bible nous montre la fuite en Egypte du petit enfant avec ses parents, Joseph et Marie.
Pour le dire autrement, la source du bien échappe à l’écrasement du mal. Au final, elle fait son retour quand le mal disparaît car les mauvais – je prends le langage de la Bible – et leur idéologie finissent aussi par mourir. Notre défi actuel est de protéger ces petites graines de beauté et de bonté qui sont déjà là, admirablement présentes, souvent discrètes. Je pense à ces gestes de solidarité, ces restaurants et ces commerces qui ont accueilli des centaines de personnes pour les protéger.
Je pense à ces forces de sécurité et de santé, nos policiers et nos gendarmes, nos soldats et nos pompiers et nous pourrions rajouter les médecins, etc. qui ont agi avec une générosité et une compétence admirables, bien au-delà du service minimum. Et tant d’autres gestes de vie dont on gardera la mémoire longtemps après que le souvenir des crimes se soit évanoui.
Le mal n’a pas raison. Ainsi, ce message de Noël n’a pas été contredit mais confirmé par cette nuit dramatique de mardi soir : le lien et le mal sont présents mais au bout, c’est le bien qui aura le dernier mot.
Extrait de l‘homélie de Mgr Luc Tavel, archevêque de Strasbourg
13/12/2018, deux jours après l‘attentat
la-croix.com
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