7 novembre 2018

POSSÉDÉS OU POSSÉDANTS ?






Les possédés se trouvent dépossédés.

Sur sa route, Jésus rencontre deux possédés. Ils ferment le passage. Mais le Verbe de Dieu, doit avancer, alors, ni une ni deux, il les guérit. Et les deux possédés se trouvent ainsi dépossédés. Il est drôle ce terme, car il a un double sens. Les deux hommes ont été libérés des démons qui avaient pris possession d’eux, mais peut-être aussi ont-ils perdu quelque chose qu’ils possédaient eux-mêmes, ou croyaient posséder. 
Nous aussi, parfois, nous faisons barrage comme ces deux-là. On ne peut rien nous dire, nous sommes à fleur de peau, nous n’arrivons pas à aller plus loin que la plainte, et nous ne supportons pas la moindre remise en question. Souvent ce blocage trouve son explication dans une souffrance, évidemment. Une blessure, toujours à vif, dont il faut tenir compte et qu’il faut s’employer à soulager. Mais j’ai constaté que parfois, cette blessure, source de souffrances et de fermetures devient partie intégrante de notre vie, de notre identité. Je veux dire que nous nous construisons avec, autour et à partir d’elle. Nous la possédons alors comme un bien, d’une certaine façon.
Nous lui trouvons un usage et nous appuyons sur elle. Par exemple, elle nous rend « intouchables », elle justifie notre irritabilité, notre intransigeance parfois. Ce qui fait mal devient alors comme un élément constitutif, nécessaire, inamovible de notre personnalité. Au point que si on l’enlevait cela entraînerait une déconstruction trop grande. C’est ainsi que cette blessure apprivoisée, qui nous identifie comme « souffrant » et conditionne nos relations aux autres, finalement nous possède. Elle est notre « démon ». C’est peut-être pour ça que la guérison ne consiste pas seulement à éradiquer le mal, il faut accepter d’en être dépossédé, le laisser filer ailleurs, et accepter de se reconstruire sans lui. Les deux hommes ont-ils accepté de faire ce deuil difficile ? On ne sait. Les gens du village, mécontents, semblent leur prêter voix et demandent à Jésus de passer son chemin…

Frère Jocelyn Dorvault, dominicain 
Méditation sur Mt 8, 28-34 

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« La guérison ne consiste pas seulement à éradiquer le mal, il faut le laisser filer ailleurs" ou plus symboliquement "tirer la chasse d'eau" dans ce geste bénéfique qui élimine ce qui pourrirait notre vie...Cette "parabole" de la chasse d'eau concrète, et chargée de sens...peut surprendre? elle est d'une grande efficacité... Oui! il est des êtres qui ressassent sempiternellement les mêmes blessures, qui demandent sans cesse à être consolés, car ils en ont des "bénéfices secondaires"... Que seraient-ils sans leurs blessures? attireraient-ils encore l'attention? "Laisser filer" ce qui a fait mal est un geste concret (tirer la chasse d'eau) qui libère, évitant ainsi de "polluer" les relations humaines... Par ce geste très concret, nous pouvons nous délester de ce qui nous a alourdis pour non seulement nous libérer nous-mêmes, mais libérer aussi les autres... Et en contemplant Jésus, en le regardant agir, nous intériorisons cet encouragement: "Allez"! allez dans la joie de l'allègement... Gratitude, ce jour, pour cet "Allez" de Jésus! ...Gratitude envers ce guide hors pair! Et si nous l'écoutions davantage?

Commentaire par Emma, internaute 
sur la méditation ci-dessus 





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