12 novembre 2018

LE SOURIRE DE REIMS



Image Pèlerin, novembre 2018


Cette « gueule cassée « au sourire angélique 

Connue pour être le lieu du sacre des rois de France, Reims, cette "ville martyre", détruite à 85% pendant la Première Guerre mondiale, a trouvé un visage : celui de "l'Ange au Sourire", plus connu sous le nom de "Sourire de Reims".
Ce sont quelques 288 obus allemands qui ont frappé ce joyau gothique. Autour d’elle, une ville détruite à 85%. Le drapeau blanc dressé à la hâte par les abbés Jules Thinot et Maurice Landrieux est ignoré par les belligérants. Un obus allemand déclenche un incendie le 19 septembre 1914 sur un échafaudage en bois. Pendant le sinistre qui va ravager la cathédrale, une poutre tombe et emporte la tête d’une statue d’ange qui fait une chute de quatre mètres cinquante avant de s’éclater sur le sol en une vingtaine de morceaux.
Cette « gueule cassée » est sauvée par l’abbé Thinot, aumônier volontaire mort au front en 1915, qui la met à l’abri dans les caves de l’archevêché de Reims. Ce n’est que plus d’un an après, le 30 novembre 1915, qu’elle est découverte par l’architecte Max Sainsaulieu. Alors que la destruction de la cathédrale suscite une vague d’émotion au sein de la population française, le sourire de l’ange devient l’emblème du génie français.
« Les statues du portail, avec leur suprême élégance, leur fin sourire, sont la fleur d’une civilisation… Le sourire, cet éclair de sympathie, apparaît pour la première fois à Reims… On retrouve partout ces proportions élégantes, cette grâce, ce sourire, ce désir de plaire, cette légèreté… Le sourire de Reims charme la France et l’Europe. » Voilà l’expression née sous la plume de l’historien Émile Mâle écrivant dans La Revue de Paris du 15 décembre 1914. Le « Sourire de Reims » apparaît alors dans de nombreux journaux français, italiens, anglais et américains — pays alliés — qui en font la célébrité.
Même après la restauration de la statue en 1926, le sourire angélique continue de circuler en France et dans le monde entier. La poste émet à 580.000 exemplaires un timbre qui reprend ce sourire caractéristique. À la valeur d’affranchissement est ajoutée une surtaxe au profit de l’amortissement de la dette publique aidant ainsi à la reconstruction d’après-guerre. Un ange qui n’a pas fini de passer.

Margot Giraud, journaliste
Quand le sourire d’un ange fédérait la France entière (extraits)
aleteia.org



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