30 octobre 2018

LA QUESTION DU MAL


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« Délivre-nous du Mal »
PRIXM 21/11/2018



I L'interprétation des métaphysiciens : le mal comme « trou» I
Paradoxalement, les métaphysiciens nous disent que « le mal est, et n'est pas » :
  • Il est, en tant qu'il existe autour de nous… Je le vois dans les souffrances qui m'entourent, les malheurs qui me touchent, etc.
  • Mais il n'est pas : ce n'est pas quelque chose dans le monde, ce n'est pas une substance. 
— C'est-à-dire ? 
...  On vous explique en-dessous.
A la suite des Pères et notamment de saint Augustin, constatons que le mal est absence de bien : il relève d'un manque, du non être. Il est plus exactement une privation. Pour prendre une image, il est comme un trou : comment décrire un trou, sinon par rapport à la substance qui l'entoure, et dont il est le défaut d'être?
Le mal est toujours relatif au bien dont il prive, il est toujours second. 
L'inverse n'est pas vrai, car le bien ne se définit pas par rapport au mal, mais par rapport à lui-même. Le mal ne peut être saisi en lui-même : le bien jouit donc d'une primauté sur le mal. Par exemple, l'aveugle souffre de la privation de la vue, la vue étant le bien premier permettant de définir le mal par contraste.




Dans la conférence « Le mal : un défi pour la philosophie et la théologie » qu'il donna à Lausanne en 1985, Paul Ricœur analyse le problème. Selon lui, toute la difficulté réside dans l'impossibilité de tenir ensemble, avec les seuls outils de la logique, les trois propositions suivantes :
  1. 1.Dieu est tout-puissant ;
  2. 2.Dieu est bon ;
  3. 3.Le mal existe.
En effet, si Dieu est tout-puissant et infiniment bon,  pourquoi permettrait-il au mal de se manifester dans le monde et comment tolérer que des innocents — qui plus est des enfants — en souffrent ?


Ce paradoxe provoque une faille logique difficile à accepter pour l'intelligence. L'esprit humain crie sa détresse devant ces questions irrésolues, devant l'absence de solutions qui non seulement satisfassent l'intelligence mais aussi apaisent le cœur.
Dans un premier temps, il est honnête de reconnaître, avec un autre philosophe* « qu'il n'y a pas exactement un problème du mal, qui impliquerait la possibilité d'une solution, mais un mystère du mal. » 
(*Gabriel Marcel cité par Jacques Blanchet, Le mal, Archambault, Paris, 2017).




Le mal n'est pas seulement un « problème » à résoudre théoriquement. Mais c'est une réalité que chacun rencontre : il peut au moins donner une réponse par sa propre existence.
« Face au mal, on accuse souvent sans agir. Que l’on cherche à le justifier ou que l’on désespère, il se multiplie ; que l’on vive malgré lui sans le justifier ni désespérer, il recule. »
Bertrand Vergely, Le silence de Dieu face aux malheurs du monde (2006), 
Presses de la Renaissance, Paris

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