Dans le secret et silencieux dialogue du cœur avec Dieu, les pierres vivantes sont préparées pour édifier le royaume de Dieu, les instruments choisis sont forgés pour servir à la construction. Le fleuve mystique, qui perdure à travers tous les siècles, n’est pas un bras isolé et secondaire, qui se serait séparé de la vie de prière de l’Église, il est sa vie la plus intime. Lorsqu’il lui arrive de faire éclater les formes traditionnelles, c’est parce que l’Esprit vit en lui, cet Esprit qui souffle où il veut : lui qui a suscité toutes les formes traditionnelles et doit toujours en susciter de nouvelles. Sans lui, il n’y aurait ni liturgie ni Église.
C’est bien à l’office divin de veiller à ce qu’il continue de résonner de génération en génération. C’est ainsi que le fleuve mystique forme ce chant polyphonique qui va s’amplifiant sans cesse, louange au Dieu Trinité, à celui qui crée, qui sauve, qui mène tout à l’achèvement. Il n’est donc pas question de concevoir la prière intérieure, libre de toutes formes traditionnelles, comme la piété « subjective » et de l’opposer à la liturgie qui serait la prière « objective » de l’Église. Toute prière véritable est prière de l’Église : à travers toute prière véritable, il se passe quelque chose dans l’Église et c’est l’Église elle-même qui la prie car c’est l’Esprit Saint vivant en elle qui, en chaque âme unique intervient pour nous. Et voilà justement la prière véritable : Car sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur » (1 Co 12, 3). Que serait la prière de l’Église si elle n’était pas l’offrande de ceux qui se donnent au Dieu qui est amour ?
Édith Stein, philosophe allemande juive, convertie sœur Thérèse-Bénédicte de la Croix.
« La prière de l’Église » in La Source cachée, Paris, Cerf /Ad Solem,.
magnificat 9 août 2018
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