Marcher, c’est prier avec ses pieds, avec sa douleur, avec son passé. Avec son espérance. Marcher, c’est vivre un déséquilibre qui nous oblige à mettre un pied devant l’autre et recommencer. Seuls marchent les déséquilibrés. « Ce qui est fou dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre la sagesse des sages. » (1 Cor. 1)
Les sages, selon les critères du monde, n’ont pas cette fêlure, cette blessure éternellement disjointe, ce désir d’un grand amour si lointain déjà et pourtant plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. Ils n’attendent rien. On exauce leurs besoins avant même qu’ils ne naissent. Ce sont des âmes embourgeoisées. Ils ont « du gras autour du coeur », disait Jacques Brel. Ils pensent que Dieu est un fumeur de havane dans un fauteuil club, alors qu’il est un pauvre cloué sur le bois. (...)
Pourtant tout va bien pour « les puissants de ce monde ». C’est une question que j’aimerais poser au Bon Dieu: Pourqoi les plus méchants, les plus vils, les plus vaniteux des êtres sont souvent ceux à qui tout réussit ? Et pourquoi les plus saints sont-ils les plus éprouvés, les plus méprisés et les plus douloureux ? « J’écoute. Que dira le Seigneur Dieu ? » (Ps 84). Il me répondra sans doute avec le psaume qui décrit l’orgueil des nantis: « Jusqu’à leur mort, ils ne manquent de rien. Ils jouissent d’une santé parfaite. Leurs yeux qui brillent de bien-être trahissent les envies de leur coeur, mais ils sont un troupeau parqué pour les enfers et que la mort mène paître. « (Ps 72)
Il me répondra peut-être aussi que les saints sont bienheureux, qu’il y a dans leur coeur une joie d’enfant et qu’ils sont des âmes de compassion... Et je ne saurai trop quoi répondre, parce que Dieu a toujours raison.
Alors je reprendrai mon bâton de pèlerin et je gravirai la montagne sainte, de la vallée des larmes à la Cité de la joie, en chantant dans mon coeur le Cantique des montées comme le murmure d’une eau vive: « Quelle joie quand on m’a dit: nous irons à la maison du Seigneur. « (Ps 121)
P. Luc Bellescize
Billet « Parlons clerc » ( extraits)
famillechretienne.fr n° 2115
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Ce n’est pas au nombre de pas que l’on reconnaît le pèlerin, mais à ses pas intérieurs, ceux du cœur. En ce mois d’août, ils conduisent vers la Vierge, Marie Mère de Dieu, vénérée dans les sommets, vénérée en bord de mer, vénérée partout, mais de façon particulière à Lourdes, dans le creux du rocher de Massabielle.
Les pèlerins ne cessent d’affluer en ce lieu où, le 25 mars 1858, la « Belle Dame » révélait son nom à Bernadette Soubirous : « Que soy era immaculada councepciou », « Je suis l’Immaculée Conception ».
En ce mois de soleil et de plein ciel, laissons résonner ces mots de la Vierge et scrutons ce mystère qui dit aussi le nôtre. Marie vient de Dieu et le mal n’a pu avoir d’emprise sur elle. Elle rayonne, emportée aux cieux, c’est-à-dire dans la clarté de la Résurrection, première de cordée.
Ce mois d’août est un moment favorable pour laisser le mystère de l’Assomption nous atteindre et nous façonner. Notre identité s’y éclaire. Nous venons des sources de Dieu et sommes appelés, nous aussi, à connaître cette clarté totale. Cela transforme nos chemins, tous nos chemins. Bon mois d’août !
Père Jacques Nieuviarts, conseiller éditorial de Prions en Église
août 2018
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