S'il est légitime de partager nos inquiétudes et certaines de nos petites frustrations, s'irriter à la moindre contrariété l'est nettement moins. Nos lamentations nous intoxiquent, nous abîment en profondeur et polluent notre relation aux autres. Examinons notre boîte mail, par exemple, notre page Facebook ou les blogs que nous consultons régulièrement. Combien de messages positifs, sainement humoristiques, constructifs ? Combien de messages ou de commentaires acides, critiques, décourageants ? (...)
Une chose est de dénoncer le mal, autre chose de le laisser nous enfermer. Cessons de nous scandaliser de tout et de rien comme si nous étions, nous-mêmes, aussi purs que l'enfant à naître ! Que d'orgueil caché derrière ces cris d'orfraie... Choisissons nos combats et, ceux-là, menons-les avec fermeté, persévérance et intelligence dans un esprit constructif. On ne combat efficacement le mal qu'en lui substituant un bien, pas en hululant comme des chouettes. « Les temps sont mauvais ? Soyons bons et les temps seront bons, affirmait saint Augustin, car nous sommes le temps. » Le mal que nous dénonçons ne nous est pas extérieur : il vient du coeur de l'homme, c'est-à-dire, concrètement, du nôtre (Mt 15, 19). La plupart des râleurs sont coléreux ou anxieux. Que les coléreux s'interrogent : d'où vient cette exaspération qui s'expose à tort et à travers ? Que me dit-elle ? Comprendre et travailler sur nos colères est un chemin de conversion, car ce ne sont pas simplement nos comportements qu'il faut changer, mais aussi notre coeur. Premier défi : apprendre à se taire, c'est encore le meilleur moyen de bannir les jets d'acide. Second défi : apprendre à parler ! Remarquer et faire remarquer ce qui va bien, encourager les progrès, rendre grâce pour le positif. Et bénir, bénir plutôt que maudire ! « Je te rends grâce, Seigneur, pour les enfants que tu m'as confiés ! Bénis soient les embouteillages qui me donnent du temps pour prier ! Bénis l'abru..., euh, le brave homme, qui m'a fait une queue de poisson, Seigneur ! » Petit détail : la garde du langage aide grandement à celle de la pensée.
Les râleurs de la catégorie « anxieux » se convertiront plus sûrement en faisant de petits et fréquents actes de confiance, en apprenant à remettre entre les mains du Seigneur ce qui les stresse et les insécurise. « Le Seigneur me délivre de toutes mes angoisses » (Ps 33). Croyons-nous vraiment, au fond de nous-mêmes, que le Christ a vaincu le mal ?
Les lamentations sont destructrices, car elles vampirisent la confiance, elles détruisent la joie, elles condamnent la paix. Comprenons bien : il ne s'agit pas simplement d'être agréable en société, mais aussi de se comporter en chrétiens, c'est-à-dire en semeurs d'espérance. Ce qui est en jeu, c'est l'espérance, c'est notre bonheur et celui des autres. Râleurs, suivez ce sage conseil de sainte Catherine de Sienne : « Dilatez votre espérance. »
« Les râleurs, vampires de l'espérance » (extraits)
de Juliette Levivier, théologienne
famillechretienne.fr 7 juillet 2018
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MÉTRO, BOULOT, DODO ...BÉNÉDICTION !
Moi, j’aime le métro-boulot-dodo. À son contact, je goûte toute la vie. Les cohortes du métro, tous ces frères et soeurs, serrés les uns contre les autres, souvent sans parler. Que pensent-ils? Qui prient-ils ? Qui aiment-ils? (...) J’aime les gens au boulot, qui donnent leurs forces au travail, partagent leurs joies, leurs soucis avec leurs collègues. C’est loin d’être déprimant. J’aime aussi le dodo, sinonyme de famille, de se sentir bien chez soi avec ses petites habitudes, ses partages et ses prières qui, à mes yeux, valent bien la beauté des cîmes les plus inaccessibles. (...) Plus que la nature, aussi belle et vivifiante soit-elle, j’aime l’homme, ses joies, ses peines, sa foi, son intimité et, chaque jour, je choisis la compassion du Bon Samaritain.Hippolyte, Paris
Courrier des lecteurs
panorama, juillet-août 2018
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