Image by Elanor Flamel |
J’ai proposé dix étapes qui mènent à la rencontre avec soi-même, l'autre et Dieu. La première est de reconnaître son insatisfaction, qui est en général difficile à nommer. On ressent une angoisse qui est la perte de ce que l'on pensait acquis : jeunesse, confiance, force, popularité, argent, amour, sécurité. Cette impuissance devant la vie qui passe oblige la personne à affronter un réel jusqu'alors inconnu. Ce bénéfique désert du cœur lui fait renoncer à la popularité et au prestige. L'insatisfaction ressentie amène un changement qui ressemble à une sorte de conversion.
La deuxième attitude est de passer de la surface à la profondeur. L'être humain est un peu comme l'océan. Il y a la surface (idées, images, rêves, souvenirs), et le fond (émotions, sentiments, peurs, espoirs). Nos émotions, qui ne sont ni bonnes ni mauvaises, révèlent mieux le fond de notre être que les idées. Elles ne mentent pas, contrairement aux pensées qui peuvent cacher à nous-mêmes et aux autres ce que nous sommes. Ce passage de la tête au cœur est souvent étroit, mais il rend la personne plus vraie, plus authentique, plus transparente, comme une eau pure. En prenant ce chemin, - ou est-ce le chemin qui nous prend ? - on se donne le droit d'être, non de paraître. La limpidité est au bout, dans la profondeur du cœur, où Dieu demeure. Ce désir profond se cultive par le regard et l'écoute, en prenant soin de soi-même, des autres et de Dieu qui attend l'offrande de la liberté. Car comment aimer les autres si nous ne nous aimons pas nous-mêmes ?
La troisième attitude est de « prendre le risque d'aimer ». Aimer est un verbe d'action. C'est un choix, une décision, un risque qui ouvre la relation à un horizon de désir. Ce risque se traduit par l'engagement, la responsabilité, la solidarité. On devient le gardien de notre relation avec l'autre. Pour prendre le risque d'aimer, il faut s'aimer soi-même. Tant de voix à l'intérieur et à l'extérieur disent que nous ne valons rien, que nous ne sommes pas aimables. L’Évangile nous montre autre chose, comme si Jésus nous disait : « Je t'aime tel que tu es ».
L'objectif de notre vie, la motivation fondamentale qui nous fait agir, le désir qui fait vivre, se révèlent par l'énoncé de mission personnelle. C'est la lentille à travers laquelle nous voyons le monde autrement. Des questions peuvent nous guider dans l'élaboration de notre énoncé de mission : «Quelle est la finalité de ma vie ? Quelle est ma vocation profonde ? Quelle est ma liste de priorités ? Qu'est-ce qui me motive ? Qu'est-ce que je veux être ? Quelles sont les valeurs qui me guident ?... »
Les passages de la vie sont ressentis comme des petites morts qui nous dépouillent, des moments pénibles qui nous redéfinissent, nous aident à renaître, car nous n’avons jamais fini de nous développer, de nous transformer.
Jacques Gauthier, théologien canadien, auteur
Extrait de « Les défis de la quarantaine « Presse de la Renaissance
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