Image: Prieuré N.-D. des Champs, Bouchaud, Arles |
La Pâque est un jardin de vie nouvelle, un printemps pour tous. Mais peut-être ne savons-nous plus comment entrer dans ce jardin, comment accueillir ce printemps et comment le transmettre.
La rencontre avec le vivant n’est pas le point final du pèlerinage pascal. Son but est autre : c’est un printemps qui sort du jardin pascal, fait changer et refleurir les rapports entre les humains et avec Dieu : « Mon père est votre père. Mon Dieu est votre Dieu ».
Certes, notre temps est marqué de nombreuses manières par la mort : guerres, injustices, exploitation des pauvres, pertes de moyens et d’espérance. Mais il y a déjà tant de personnes qui réagissent et changent les choses, par exemple par de petits changements dans le mode de penser ou d’agir. Nous aussi, si nous contemplons ces petites histoires de printemps, nous pouvons croire que Jésus ressuscité est à l’œuvre pour changer le monde.
Le véritable printemps, c’est la redécouverte de la fraternité fondamentale qui unit tous les êtres humains et toutes les créatures. (...) Les frères ne se quittent pas. Les frères ne s’exploitent pas les uns les autres. Les frères ne sont pas indifférents les uns aux autres.
Le véritable printemps, c’est la redécouverte de la fraternité fondamentale qui unit tous les êtres humains et toutes les créatures. (...) Les frères ne se quittent pas. Les frères ne s’exploitent pas les uns les autres. Les frères ne sont pas indifférents les uns aux autres.
Le changement est un grand mot. Il semble impossible de croire au changement, comme il semble impossible de croire à la Pâque. Nous avons en nous des résistances et des peurs. Repartons du rêve d’une grande fraternité possible. Laissons le jardinier Jésus prendre soin des bourgeons de printemps qui maturent dans nos cœurs. Partons de son amour pour nous pour nous fier à cette poussée de printemps. Et je voudrais encore dire : fêtons ce rêve, fêtons ce printemps, fêtons et célébrons le changement, même les petits changements, les petits signes d’ordre et de beauté. Peut-être ne savons-nous pas comment entrer dans le paradis pascal. Laissons alors le jardinier renouveler pour nous son appel et repartons de notre foi en lui.
Une foi que nous voulons tous professer maintenant.
Homélie de Pâques 2018
Don Italo Molinaro
GRAVESANO (SUISSE)
Une foi que nous voulons tous professer maintenant.
Homélie de Pâques 2018
Don Italo Molinaro
GRAVESANO (SUISSE)
CFRT
*****
Jezikri leve byen vivan !*
*****
Jezikri leve byen vivan !*
Voilà comment les Haïtiens proclament la résurrection. Ils ne tournent pas indéfiniment autour des concepts. Et ils ont raison. Le Christ ressuscité n’est pas d’abord un symbole, une valeur, une idée ; c’est quelqu’un. Quelqu’un de réel, que tu peux rencontrer, qui peut changer ta vie, parce qu’il se dresse depuis le matin de Pâques à l’aplomb de l’histoire et du temps.
Le créole, ici, rejoint savoureusement la langue des Évangiles. Dans le grec biblique, c’est tout simple, il y a deux manières principales de dire « ressuscité » : « réveillé » et « relevé ». Suivant cette gamme d’images, les morts « dorment » et sont « couchés ». Dès lors, à chaque fois qu’une personne se lève – un malade, un paralytique, un pécheur – quelque chose de la résurrection se manifeste. Quand Marie proclame les merveilles de Dieu pour son peuple, elle dit : « Il relève Israël son serviteur. » L’enfant qu’elle porte n’est pas plus visible que le levain mêlé à la farine. Pourtant, au creux de son corps, elle discerne déjà la puissance de vie qui commence à faire lever toute la pâte humaine !
C’est bien à la manière d’un ferment qu’agit cette force de relèvement. On ne la voit pas, mais on en voit les effets. Ainsi, en quiconque se met debout pour avancer, veiller, résister, embrasser, servir, porter, etc., l’énergie de Pâques est prise en flagrant délit d’éclosion. La résurrection ne se paie pas de mots. Ou bien on la reçoit et elle agit, ou bien elle risque de refluer dans le tombeau dont elle a jailli. C’est à nous, en partie, qu’il appartient de faire que notre monde, et pas seulement nos cimetières, reverdisse de sa sève. Combien, autour de nous, attendent un sourire, un geste, un mot qui relève ? Il n’en faut pas plus, parfois, pour que continue à courir le cri qui nous a rejoints à travers des océans d’espace et de temps : Jezikri leve byen vivan, alleluia !
* Jésus-Christ levé bien vivant !
Frère Sylvain Detoc, dominicain
Pâques 2018
*****
Notre résurrection n'est pas tout entière dans le futur, elle est aussi en nous, elle commence, elle a déjà commencé.”
Paul Claudel, Correspondance (1899-1926)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire